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Désorbitations de satellites Starlink : jusqu’à 5 satellites par jour retombent sur Terre en 2025

Désorbitations de satellites Starlink - jusqu’à 5 satellites par jour retombent sur Terre en 2025

En orbite terrestre basse, la constellation Starlink connaît une activité intense de fin de vie satellitaire. Depuis le début de l’année 2025, près de 500 satellites ont été volontairement désorbités, un phénomène qui devrait s’accélérer dans les années à venir. Alors que SpaceX envisage de faire passer sa flotte de satellites de quelques milliers actuellement à plus de 42 000 d’ici 2030, de nombreux experts s’inquiètent déjà de ses conséquences sur l’environnement spatial et terrestre.

Un rythme de déorbitation en forte hausse

Entre décembre 2024 et mai 2025, plus de 472 satellites Starlink ont été volontairement ramenés dans l’atmosphère. En janvier 2025 uniquement, 120 satellites sont rentrés et se sont désintégrés dans un ballet lumineux visible depuis plusieurs régions du globe. Cela représente une moyenne actuelle de 1 à 2 rentrées atmosphériques par jour, chiffre qui pourrait grimper à 5 rentrées quotidiennes à mesure que la constellation vieillit et que les remplacements s’intensifient.

Ces désorbitations ne sont pas le fruit du hasard. SpaceX anticipe la défaillance de ses satellites pour éviter qu’ils ne deviennent des corps non gouvernables et des risques de collision. La politique de l’entreprise repose sur le principe de responsabilité orbitale, en réponse aux critiques croissantes sur la prolifération des objets en orbite basse.

Le Soleil, facteur aggravant des chutes

Outre les décisions humaines, l’activité solaire joue un rôle non négligeable dans ces désorbitations. Lors des pics d’activité, comme en 2024, l’atmosphère terrestre se dilate sous l’effet des tempêtes géomagnétiques. Cette expansion augmente la traînée atmosphérique exercée sur les satellites, diminuant plus rapidement leur altitude.

Selon les chercheurs du Goddard Space Flight Center, ces épisodes peuvent provoquer la descente prématurée de satellites initialement stables. En 2024, un débris spatial a même touché le sol canadien en parallèle d’un épisode solaire intense, soulignant les limites des prévisions actuelles.

Des retombées encore méconnues sur Terre

Même si les satellites Starlink sont conçus pour se consumer complètement lors de leur rentrée, certains fragments métalliques résistants, comme l’aluminium, pourraient atteindre le sol. Jusqu’à présent, aucun dégât majeur n’a été rapporté. Mais les scientifiques redoutent l’arrivée en masse de débris à mesure que les constellations grandissent.

L’astronome Jonathan McDowell souligne que « les objets non contrôlés constituent un risque accru », en raison de leur masse et de la trajectoire potentiellement imprévisible qu’ils peuvent emprunter avant l’impact.

Pollution de la haute atmosphère : un nouveau front

L’un des effets les plus préoccupants demeure la libération de particules métalliques lors de la désintégration des satellites, en particulier de l’oxyde d’aluminium. Ces micro-particules pourraient modifier la composition de la haute atmosphère, avec des conséquences incertaines sur le réchauffement global.

Des recherches sont en cours pour évaluer si la répétition des burn-ups de satellites à grande échelle pourrait perturber les cycles thermiques atmosphériques ou accentuer l’effet de serre à haute altitude. Pour l’instant, le manque de données empêche toute conclusion formelle.

Multiplication des satellites : vers un espace embouteillé

Avec plus de 8 000 satellites actifs aujourd’hui, Starlink est devenue la mégaconstellation la plus dense jamais créée. Cette densité croissante complexifie les manœuvres orbitales et augmente le risque de collisions en chaîne. Un phénomène redouté depuis l’incident Iridium-Cosmos en 2009.

Du point de vue des astronomes, cette surpopulation artificielle provoque une pollution lumineuse préoccupante. Les observations du ciel profond deviennent de plus en plus difficiles, car les reflets des satellites défilent sur les télescopes longue exposition.

Efforts de SpaceX salués mais insuffisants

La stratégie de SpaceX consistant à déorbiter rapidement ses satellites vieillissants est perçue comme un exemple de gestion proactive de l’orbite terrestre. Cependant, cette réponse ne suffit plus à dissiper les craintes sur le long terme. D’autant que le projet complet envisage jusqu’à 42 000 satellites, chiffre susceptible de faire basculer l’équilibre actuel.

De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une réglementation plus stricte au niveau international, à la fois sur le nombre de satellites mis en orbite et sur la gestion de leur fin de vie. L’objectif : préserver un espace orbital durable et éviter de transformer l’orbite terrestre en cimetière spatial incontrôlable.

Des enjeux croissants, une vigilance indispensable

Alors que les rentrées de satellites deviennent un phénomène quotidien, scientifiques, agences spatiales et décideurs doivent désormais intégrer cette nouvelle réalité. Ce qui apparaissait il y a encore cinq ans comme un pas audacieux vers la connectivité globale est aujourd’hui à l’origine de redéfis écologiques et sécuritaires majeurs.

Sur Terre comme dans l’espace, la durabilité des infrastructures spatiales est mise à l’épreuve. À mesure que Starlink et d’autres mégaconstellations poursuivent leur déploiement, la course à l’Internet mondial pourrait bien transformer l’espace orbital en zone à haut risque — à moins d’un changement de cap réglementaire concerté.

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