SpaceX est désormais autorisée à lancer sa fusée géante Starship depuis la Floride. Le Département de l’Air Force américain a validé la transformation du site de lancement historique Space Launch Complex 37 (SLC-37), situé à la Cape Canaveral Space Force Station, en un centre de lancement et de récupération pour le mégalanceur réutilisable de nouvelle génération. Ce feu vert marque une étape capitale dans l’expansion des capacités de SpaceX sur la côte Est et dans le soutien aux ambitions spatiales militaires des États-Unis.
Un site stratégique pour un lanceur stratégique
Cette décision, formalisée par un Record of Decision, ouvre un second front opérationnel pour Starship, en complément de la base texane de Starbase. Le SLC-37 renforce ainsi la capacité de SpaceX à lancer vers un éventail plus large d’orbites, particulièrement celles difficiles à atteindre depuis le sud du Texas sans survoler de zones peuplées. L’intégration dans l’infrastructure logistique floridienne permet également d’améliorer la rapidité de rotation des lancements, un critère clé pour les missions liées à la sécurité nationale.
Le site offre une redondance indispensable aux yeux du Département de la Défense. En effet, un seul point de lancement pour une capacité aussi critique représente un risque stratégique majeur. L’exploitation du SLC-37 par SpaceX réduit ce goulot d’étranglement et consolide les bases du programme National Security Space Launch.
Une métamorphose en marge d’un héritage spatial
Construit dans les années 1960 pour supporter les programmes Apollo, le SLC-37 a vu décoller les mythiques fusées Saturn I et Saturn IB. Il s’est ensuite adapté aux lancements des Delta IV entre 2002 et 2024, avant le retrait du dernier Delta IV Heavy. Avec cette transition, une ère s’achève pour en ouvrir une nouvelle, où les fusées super-lourdes remplacent les architectures plus classiques. La fin d’une lignée de 60 ans de lanceurs Delta amorce l’entrée dans l’ère du « Super Heavy ».
Le démantèlement des infrastructures héritées du SLC-37, comme la structure de service mobile et les tours de paratonnerre, a débuté en juin 2025. Ce travail préparatoire permettra de libérer l’espace pour les nouveaux équipements spécifiques à Starship, notamment des sites doubles de lancement avec tours d’intégration.
Des ambitions de cadence inédites
Avec ce nouveau site, SpaceX envisage d’atteindre un rythme soutenu : jusqu’à 76 lancements de Starship et 152 atterrissages par an. Cette capacité dépend toutefois des évaluations à venir de la Federal Aviation Administration, qui devra s’assurer que ces opérations n’entravent pas l’espace aérien environnant.
Ce niveau d’activité semble en accord avec la montée en puissance de la Space Coast. En 2025, le cap des 100 lancements annuels depuis cette région a été franchi, confirmant le rôle croissant de la Floride comme poumon du lancement spatial américain. SpaceX opère déjà le site voisin Launch Complex 39A, principalement pour les missions Starlink.
Premier vol Starship dès 2026
Le colonel Brian Chatman, commandant du Space Launch Delta 45, a indiqué que premier lancement depuis le SLC-37 pourrait intervenir au début ou milieu de 2026. Ce calendrier repose sur une transition rapide des composants résiduels du programme Delta IV et un déploiement accéléré des infrastructures de SpaceX. La compagnie a déjà obtenu un accès restreint au site en mars 2025 pour entamer les premiers travaux de démolition.
Un nouvel atout pour les ambitions spatiales américaines
Pour le Pentagone, la transformation du SLC-37 n’est pas qu’une affaire de roquettes. Le développement de cette nouvelle base s’inscrit dans une stratégie plus large visant à sécuriser les opérations spatiales critiques. Cela inclut le déploiement rapide de constellations satellitaires militaires, le transport de charges lourdes et la résilience face à des scénarios d’urgence stratégique.
Au-delà des considérations militaires, cette évolution témoigne d’une dynamique plus large : la réinvention d’un site emblématique au service des défis futurs. SpaceX, avec son ambition technologique, s’impose de plus en plus comme une colonne vertébrale du déploiement spatial américain.

