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Starship chinois : la Chine dévoile un ambitieux clone réutilisable, mais manque de preuves concrètes

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Un nouvel acteur chinois s’aligne sur les pas de SpaceX. La société Beijing Leading Rocket Technology a dévoilé en décembre 2025 un concept de lanceur lourd baptisé Xingzhou‑1, ou « Starvessel‑1 », dont l’allure rappelle de manière frappante celle du Starship de SpaceX. Avec ses proportions imposantes, ses gouvernes aérodynamiques rétractables et son architecture à deux étages entièrement réutilisables, le projet alimente un débat croissant sur la capacité réelle des acteurs chinois à reproduire les prouesses techniques promises par leur équivalent américain.

Une ressemblance qui ne laisse pas indifférent

Alors que SpaceX peine encore à stabiliser ses essais en vol avec Starship, ses concurrents chinois misent déjà sur des designs inspirés. Le concept de Beijing Leading Rocket Technology, diffusé à grand renfort de rendus 3D et de publications officielles, affiche une silhouette et des fonctionnalités quasi identiques à son modèle texan : même système de récupération verticale sur tour, mêmes flèches aérodynamiques, même fuselage fuselé. L’entreprise le présente comme un véhicule révolutionnaire permettant une entrée pleinement réutilisable dans l’ère du vol orbital à faible coût.

Mais derrière cette vitrine, peu de détails sont disponibles sur le stade réel de développement. Selon les informations communiquées, Xingzhou‑1 reste à l’état conceptuel, avec une ambition de vol suborbital ciblée après 2027. De nombreux analystes spécialisés estiment que la technologie chinoise nécessaire pour reproduire un tel système reste encore à construire, notamment sur la propulsion, la guidage de rentrée et les systèmes de récupération thermique.

Une multiplication de projets d’inspiration SpaceX

Le cas de Xingzhou‑1 n’est pas isolé. D’autres entreprises chinoises privées emboîtent le pas. Cosmoleap a diffusé des schémas d’un lanceur lourd équipé d’un étage inférieur type Super Heavy et d’une tour de capture par « chopsticks », un dispositif emblématique du pas de tir de SpaceX.

De son côté, Astronstone adopte aussi une approche similaire, bien que sur une plus petite échelle, et revendique une convergence technique avec les méthodes américaines. Enfin, LandSpace, dont le lanceur Zhuque‑3 s’inspire davantage de Falcon 9, a tenté fin 2025 une récupération du premier étage après un vol orbital : succès partiel, l’orbite ayant été atteinte, mais la récupération, un échec.

Des ambitions élevées, mais peu de réalisations concrètes

De fait, la plupart de ces initiatives restent confinées à des présentations théoriques et à des rendus numériques. Ni Beijing Leading Rocket Technology ni ses concurrents n’ont à ce jour prouvé leur capacité à effectuer des tests moteurs significatifs ou à produire des prototypes structurels complets.

Les essais opérationnels les plus avancés, comme ceux du Zhuque‑3, confirment les difficultés de la réutilisation. En effet, réussir l’ascension orbitale n’est qu’une étape. Revenir indemne de la rentrée atmosphérique, rallumer les moteurs avec précision et atterrir verticalement exigent une maîtrise technologique extrême. SpaceX en a déjà fait l’expérience à travers six vols testés depuis 2021, avec à chaque fois des ajustements nécessaires sur les moteurs Raptor, les tuiles thermiques ou les systèmes de redémarrage.

Le modèle de SpaceX, à la fois benchmark et obstacle

Aucun acteur ne peut ignorer l’influence de SpaceX. L’entreprise américaine a redéfini les attentes commerciales et techniques en matière de transport orbital avec son approche centrée sur la réutilisation complète et une cadence de lancement élevée. Nombre d’observateurs considèrent que les sociétés chinoises s’inspirent de ce modèle pour gagner du temps et accélérer leur montée en compétences.

Néanmoins, le simple fait de copier une direction technologique ne garantit pas les résultats. Comme le rappelle avec justesse un analyste cité dans plusieurs rapports : « Reproduire des rendus est une chose ; maîtriser la propulsion et la rentrée atmosphérique d’un étage réutilisable en est une autre. »

Entre imitation, innovation et stratégie industrielle

Certains experts estiment que cette dynamique ne relève pas uniquement de la copie, mais d’une stratégie technologique assumée. Plutôt que de réinventer la roue, plusieurs start-ups et institutions chinoises misent sur l’adaptation d’approches éprouvées à l’environnement logistique et industriel local.

Il faudra toutefois combler rapidement plusieurs lacunes clés : développer un moteur réutilisable performant, industrialiser sa production, garantir la précision des guidages de rentrée, intégrer des matériaux thermorésistants pour les revêtements… Autant de défis que même SpaceX n’a pas encore entièrement surmontés aujourd’hui.

Quels scénarios pour la suite ?

Trois trajectoires émergent à l’horizon 2030. Le premier scénario, le plus réaliste à court terme, voit nombre de ces projets rester à l’état de concepts ou avancer lentement, laissant SpaceX conserver sa position dominante. Le second, plus optimiste, envisage que la Chine franchisse les obstacles techniques grâce à des partenariats publics-privés, et développe d’ici dix ans des lanceurs lourds réutilisables compétitifs.

Un troisième scénario pourrait voir naître une concurrence régionale accrue, notamment autour de l’Asie-Pacifique et des satellites commerciaux, où la seule suggestion de réutilisation ferait pression sur les coûts et sur les opérateurs étrangers.

Des promesses à vérifier

Pour l’heure, les annonces demeurent largement prospectives. À l’approche de la prochaine décennie, les rustines numériques ne suffiront plus. Les plans de vol, les essais moteurs et les preuves concrètes de réutilisation seront les seuls indicateurs valables pour juger de l’avancée réelle de ces lanceurs qualifiés trop hâtivement de « clones du Starship ».

D’ici là, l’affichage ambitieux de la filière spatiale chinoise pourrait refléter autant une volonté de montée en puissance qu’un effet d’annonce. Le verdict se jouera sur le pas de tir, pas dans les rendus 3D.

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