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Voyager 1 réactivée à 24,8 milliards de km : « ces propulseurs étaient considérés comme morts »

Voyager 1 réactivée à 24,8 milliards de km - ces propulseurs étaient considérés comme morts

À près de 24,88 milliards de kilomètres de la Terre, là où les lois de la mécanique rencontrent les limites du temps et de la technologie, la NASA a réussi un exploit improbable : réactiver les propulseurs figés de la sonde Voyager 1, lancée en 1977. Moins d’une décennie avant son cinquantième anniversaire, l’engin mythique a retrouvé sa capacité d’orientation spatiale, assurant la poursuite de sa mission d’écoute du vide interstellaire.

Un impératif vital pour la survie de la mission

Lorsque la NASA a lancé Voyager 1, l’objectif était de survoler Jupiter et Saturne. Quarante-huit ans plus tard, la sonde, toujours opérationnelle, sillonne le milieu interstellaire, bien au-delà de l’héliosphère. Pourtant, un danger imminent menaçait sa stabilité : l’incapacité à manipuler ses propulseurs pour conserver l’orientation vers la Terre.

Ces dispositifs, essentiels pour diriger l’antenne principale vers notre planète, étaient de plus en plus sujets aux obstructions dues à des dépôts de carburant. Les propulseurs principaux, affectés depuis 2004, avaient laissé place à des propulseurs de secours, eux-mêmes inactifs depuis plus de vingt ans.

Une course contre la montre depuis la Terre

À l’approche de la maintenance prévue de l’antenne terrestre principale le 4 mai 2025, les ingénieurs du Jet Propulsion Laboratory ont lancé une initiative aussi audacieuse qu’incertaine : réactiver ces propulseurs oubliés.

La mission exigeait précision et ténacité. Le délai de 22,5 heures pour envoyer un signal aller-retour à la sonde laissait peu de place à l’erreur. Chaque commande envoyée à Voyager 1 nécessitait presque deux journées terrestres pour obtenir une confirmation de bon fonctionnement. Une faille, et la fenêtre de communication se refermait potentiellement pour toujours.

Chauffés à distance, redémarrés après 21 ans de silence

La réactivation des propulseurs a commencé par le redémarrage des systèmes de chauffage, essentiels pour atteindre une température opérationnelle. Ensuite, une séquence progressive et mesurée d’ordres de test a été transmise.

Les propulseurs ont répondu positivement, permettant de corriger l’orientation de la sonde et de garantir la précision du système de navigation par étoiles guide. Le 14 mai 2025, la NASA a confirmé le succès de l’opération, saluant un miracle technique.

« Ce fut un moment glorieux. Ces propulseurs étaient considérés comme morts. C’était une conclusion légitime », a déclaré Todd Barber, ingénieur en propulsion, qui a souligné le caractère improbable de cette réussite.

Une victoire sur la dégradation du temps

Cette manœuvre assure la continuité de la mission pour les prochaines années. Voyager 1 peut à nouveau maintenir son antenne de 3,7 mètres braquée sur Terre. Cela permet à la sonde de continuer à transmettre des données scientifiques précieuses depuis le plus lointain point d’observation jamais atteint par un engin fabriqué par l’homme.

Alors que la puissance électrique s’affaiblit en raison du déclin des générateurs thermiques au plutonium, la NASA dispose désormais d’un système de propulsion fonctionnel, capable de servir de relais en cas de défaillance définitive des autres systèmes.

Des implications pour les futures missions spatiales

Cette intervention illustre la manière dont les missions spatiales profondément lointaines peuvent être prolongées à l’aide de solutions techniques inédites. La complexité de la communication, la gestion du vieillissement des composants et le contrôle thermique extrême posent des défis similaires à ceux qu’affronteront les futures missions vers les confins du système solaire ou au-delà.

La résilience de Voyager 1 constitue un modèle pour la gestion des ressources limitées en environnement extrême. Elle rappelle aussi que même après plusieurs décennies d’inactivité, certains systèmes peuvent retrouver vie grâce à la persévérance humaine.

Un nouveau souffle pour Voyager

Avec cette reprise de contrôle, Voyager 1 poursuit son chemin silencieux parmi les étoiles, délivrant des données sur les rayonnements cosmiques, les champs magnétiques et la densité du plasma interstellaire. Sa longévité exceptionnelle pourrait se prolonger au moins jusqu’au début des années 2030, selon les projections actuelles.

« Fixer ces propulseurs, jugés inutilisables depuis des décennies, a demandé créativité et prise de risque », a déclaré la NASA dans son rapport technique. Une déclaration qui résume l’esprit de la mission Voyager : repousser les limites du possible, bien après avoir quitté le champ connu des planètes.

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