Emirates, première compagnie aérienne internationale, s’apprête à sceller un partenariat historique avec SpaceX pour équiper sa flotte du service Starlink. Ce projet, encore en phase de finalisation, promet de transformer la connectivité à bord des avions commerciaux, malgré des défis réglementaires et techniques majeurs aux Émirats arabes unis.
Un partenariat stratégique en préparation
Selon des sources proches du dossier, Emirates est en négociations avancées avec SpaceX pour intégrer Starlink à bord de ses appareils. Cette collaboration couvrirait environ 250 avions en service et plus de 300 appareils en commande, dont des Boeing 777 et des Airbus A380. L’annonce officielle pourrait intervenir lors du Salon aéronautique de Dubaï, qui débute le 17 novembre 2025.
La compagnie aérienne vise à moderniser son offre Wi-Fi. Actuellement, le service est réservé à une clientèle restreinte. Grâce à Starlink, Emirates ambitionne d’offrir un Wi-Fi gratuit et à haut débit à tous ses passagers, redéfinissant ainsi l’expérience en vol.
Starlink, déjà adopté par Air France, Qatar Airways et United Airlines, utilise un réseau de satellites en orbite basse pour délivrer une connexion à faible latence, même à haute altitude.
Des obstacles réglementaires persistants
Le projet reste suspendu à plusieurs autorisations clés. Le service Starlink n’est pas encore approuvé par les autorités émiriennes. La TDRA (Autorité des télécommunications et du gouvernement numérique) a lancé une consultation publique en juillet 2025 pour structurer un marché des opérateurs satellitaires. Ce processus, qui se termine le 25 septembre, devrait aboutir à la création d’une licence « Catégorie B » pour les fournisseurs comme SpaceX.
Autre défi : Starlink n’a pas encore reçu de certification pour l’Airbus A380. L’appareil emblématique d’Emirates nécessite une adaptation technique spécifique et une autorisation réglementaire, indispensable au déploiement du système sur l’ensemble de la flotte.
Pour respecter le cadre légal des Émirats arabes unis, SpaceX devra également se conformer à des procédures rigoureuses liées à l’importation de matériel, à l’exploitation de fréquences et à la souveraineté des données.
Un avantage concurrentiel décisif
Plusieurs compagnies aériennes ont déjà pris une longueur d’avance dans la course à la connectivité embarquée. Qatar Airways, concurrent régional direct d’Emirates, équipe déjà ses Boeing 777 de la technologie Starlink et prévoit d’intégrer ce service à ses Airbus A350.
Emirates, en s’alliant à SpaceX, renforcerait considérablement sa compétitivité sur les vols long-courriers. En parallèle, les capacités techniques de Starlink permettent une installation rapide : entre 8 et 10 heures seulement, contre plusieurs jours pour ses rivaux comme Viasat.
Selon David Whelan, analyste senior chez Valour Consultancy, « le succès de Starlink, qui a surpassé ses concurrents sur le marché des réseaux LEO, a offert à l’opérateur de satellites une formidable opportunité de tirer parti d’un vaste marché potentiel d’avions ».
Une technologie en pleine ascension
SpaceX continue de déployer son réseau mondial. En mai 2025, Starlink a obtenu des certifications techniques (STC) pour plusieurs modèles, dont le Boeing 737-800, l’Airbus A220, et l’Embraer E175. Déjà en service sur les vols de Air Baltic, la technologie démontre une performance remarquable dans des environnements exigeants.
À long terme, Starlink prévoit d’équiper plus de 10 000 avions d’ici la fin de 2034, selon un rapport publié en mai par Valour Consultancy. L’intégration chez Emirates renforcerait cette croissance et affirmerait la domination de SpaceX dans le secteur de la connectivité aérienne.
Perspectives du marché au Moyen-Orient
Outre Emirates, d’autres compagnies de la région, notamment Gulf Air et Flydubai, envisagent également des accords avec Starlink. Le Moyen-Orient devient ainsi un terrain stratégique pour SpaceX qui souhaite étendre sa couverture dans cette région clé du trafic aérien mondial.
Toutefois, le cadre réglementaire demeure une zone d’incertitude. Une décision favorable de la TDRA en octobre permettrait un lancement rapide de l’équipement, compatible avec le calendrier de réaménagement des cabines engagé par Emirates pour ses B777 et A380.
Une transformation de l’expérience passager
L’adoption de Starlink marque un changement de paradigme dans le transport aérien. Les passagers d’Emirates pourraient bénéficier d’une connexion internet rapide, gratuite et continue à bord, alignant ainsi l’expérience en vol sur les standards terrestres contemporains.
Selon David Whelan, « les performances du réseau ont été extrêmement impressionnantes jusqu’à présent, offrant un service d’excellence aux passagers ». Ce service pourrait séduire une clientèle internationale exigeante en quête de connectivité permanente, y compris sur long-courrier.
Conclusion : une avancée technologique sous condition
Le partenariat entre Emirates et SpaceX, bien que non encore formalisé, s’annonce comme une étape majeure dans l’évolution de la technologie aérienne. Si les freins réglementaires sont levés, cette alliance offrirait à Emirates un avantage concurrentiel fort et propulserait Starlink en position de leader incontesté sur ce segment de marché.
À mesure que la technologie s’affine et que les dialogues avec les autorités avancent, le ciel semble se dégager pour une connectivité aérienne plus rapide, plus fluide et plus globale.