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Lancement annulé pour Blue Origin : de nuages cumulus bloquent la mission martienne

Le décollage tant attendu de la mission martienne de Blue Origin, censée transporter deux engins spatiaux de la NASA à destination de la planète rouge, a été annulé in extremis. La raison : une formation massive de nuages cumulus dans la trajectoire du lanceur New Glenn, en violation d’une règle aéronautique déterminante mais méconnue, la Cumulus Cloud Rule.

Un lancement contrarié par une météo capricieuse

Prévu dans une fenêtre de tir comprise entre 14h45 et 17h11 (heure de l’Est) le 9 novembre 2025, le vol NG-2 devait marquer le second lancement du lanceur New Glenn et une étape majeure pour Blue Origin. Objectif de la mission : acheminer l’ensemble ESCAPADE de la NASA, un duo d’engins jumeaux dédiés à l’étude de l’atmosphère martienne.

Dès le début, les équipes au sol ont dû composer avec une météo instable : tempêtes sur la zone de lancement, pluie intermittente, et un navire de croisière dérivant dangereusement dans le couloir aérien. À T-16 minutes, les techniciens ont également identifié une anomalie dans les équipements de déconnexion de l’hydrogène, rallongeant encore les délais.

Mais à 16h19, après plusieurs interruptions, une décision irrévocable est prise : le lancement est annulé. En cause, une épaisse couche de nuages cumulus dont les sommets frôlent des températures givrantes, augmentant drastiquement le risque qu’un éclair soit généré durant l’ascension du lanceur.

Pourquoi les fusées ne peuvent-elles pas traverser les nuages ?

Contrairement à leur apparence inoffensive, les nuages cumulus peuvent être électriquement chargés. Leurs formes en « boule de coton » cachent des dynamiques intérieures complexes. Les courants ascendants y provoquent des collisions entre gouttes d’eau et cristaux de glace, accumulant des charges électriques statiques.

Lorsqu’une fusée perce un tel nuage avec ses gaz d’échappement brûlants – pouvant atteindre plus de 6 000 °C – elle crée une situation propice à un éclair déclenché. Ce type de phénomène, appelé triggered lightning, ne résulte pas d’une activité orageuse naturelle, mais d’une perturbation artificielle que provoque la fusée. Ce danger est bien documenté depuis l’incident historique de la mission Apollo 12 en 1969, lors de laquelle un éclair généré lors de la traversée d’un nuage a temporairement désactivé plusieurs systèmes à bord.

La Cumulus Cloud Rule : une règle de sécurité vitale

Pour éviter ce genre de situation, la NASA, l’US Space Force et les différents opérateurs lancent une stricte vérification des conditions météorologiques via la Cumulus Cloud Rule. Cette directive impose une distance minimale entre la trajectoire du lanceur et tout cumulus dont la cime atteint des altitudes où les températures varient de +5 °C à -20 °C.

Le centre spatial Kennedy scrute ces conditions en temps réel à l’aide de capteurs de champ électrique, de radars météorologiques et de ballons-sondes. Si un nuage cumulus est détecté dans cette plage thermique, la mission est suspendue sans exception.

Dans le cas de Blue Origin, les formations nuageuses pénétraient précisément cette zone critique. Le risque d’un éclair généré artificiellement était jugé trop élevé pour poursuivre. Il s’agit moins d’un évitement par précaution que d’une nécessité non négociable.

Les aléas météo, ennemis jurés des fusées

Outre les nuages, d’autres facteurs climatiques peuvent compromettre des lancements. Les orages menaçants, les courants-jets élevés, les cisaillements de vent ou encore des bourrasques au sol peuvent affecter la stabilité du lanceur. Chaque paramètre est continuellement analysé depuis la base jusqu’aux couches supérieures de l’atmosphère.

Ainsi, même les lanceurs les plus avancés, comme ceux utilisés dans les missions SpaceX, demeurent vulnérables aux caprices du climat terrestre. L’analyse en vol ne laisse aucune place à l’improvisation : la sécurité prime toujours sur la ponctualité.

Chronologie d’une mission avortée

Heure (ET) Événement
14h45 Fenêtre de lancement ouverte
Retards dus à la pluie et orages
T-16min Problème technique au sol détecté
Interruption liée au passage d’un navire
16h12 Nouvel horaire ciblé de lancement
16h19 Lancement officiellement annulé

Une règle simple, mais cruciale

La mésaventure de Blue Origin illustre une réalité immuable du vol spatial : l’atmosphère terrestre ne pardonne aucune approximation. Malgré des fusées capables de résister à des conditions extrêmes, les équipes au sol doivent prendre en compte chaque point de données, chaque impulsion électrique, chaque brise qui pourrait faire basculer un lancement.

Encore une fois, la technologie n’est pas seule maîtresse du destin spatial. Le ciel, lui aussi, a son mot à dire. Et quand les nuages s’y invitent, même en orbite, mieux vaut encore leur laisser le passage.

Pour approfondir le sujet, consultez les détails techniques de l’édition ESCAPADE sur le site officiel de NASA ESCAPADE.

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