SpaceX s’apprête à franchir une nouvelle étape audacieuse dans le développement de Starship. Avec le test extrême du 13 octobre 2025, l’entreprise clôture la version 2 de son lanceur pour faire place à Starship V3. Cette nouvelle itération pourrait transformer durablement les capacités orbitales et interplanétaires actuelles, marquant un tournant technologique que certains ingénieurs qualifient de pari insensé.
Un test extrême aux allures de défi
Le vol 11 de Starship, réalisé le 13 octobre 2025, a dépassé son statut de simple essai. Il s’agissait d’un test de résistance inégalé : plusieurs sections du bouclier thermique de l’étage supérieur avaient été délibérément retirées. L’objectif était clair mais périlleux : exposer directement la structure en acier inoxydable à des températures supérieures à 1 400°C pendant la phase de rentrée, afin de recueillir des données cruciales pour l’avenir du programme.
Malgré les risques, le test s’est soldé par des résultats notables. Le véhicule a accompli tous les objectifs majeurs : ascension complète, redémarrage moteur en vol, déploiement de satellites Starlink, puis une manœuvre de retour simulée. Le vaisseau a effectué un atterrissage contrôlé en mer, reproduisant à l’échelle réelle la trajectoire cible du retour vers Starbase.
Pourquoi un tel test était nécessaire
Dans l’industrie aérospatiale, un test avec des composants essentiels volontairement absents serait jugé « impensable ». Pourtant, cette méthode expérimentale fait partie intégrante de la philosophie SpaceX. En exposant volontairement le vaisseau à un stress thermique hors norme, les ingénieurs ont recueilli des données inédites sur la déformation de la structure et la limitation du besoin en bouclier thermique.
Ce type de test physique, bien plus instructif que les simulations, raccourcit considérablement le cycle de développement.
Starship V3 : une refonte en profondeur
Attendue pour le premier trimestre 2026, la version 3 de Starship introduira des améliorations majeures à tous les niveaux. Le design a été entièrement repensé. Le véhicule intégrera un dôme avant plat, facilitant l’assemblage, et des réservoirs de carburant agrandis pour augmenter la capacité de charge.
Les moteurs Raptor 3, éléments clés de cette nouvelle version, offriront une poussée et une efficacité accrues. L’architecture du “hot staging”, qui permet la séparation des étages tout en maintenant la propulsion active, optimisera les performances durant l’ascension.
Objectif orbite : un cap décisif
La version 2 n’a jamais atteint l’espace orbital. Les objectifs étaient trop centrés sur les tests atmosphériques, la stabilité en vol et le comportement thermique. En revanche, Starship V3 vise directement l’orbite.
Le vol 12, prévu début 2026, validera les systèmes de propulsion et de guidage en conditions réelles. Il devrait être suivi par le vol 13, probable première tentative orbitale complète. Cette séquence constituera une étape charnière, autant pour l’avenir de Starship que pour la viabilité commerciale du système.
Réutilisation rapide, accès à l’espace à bas coût
L’un des objectifs centraux de Starship reste la réutilisation complète et rapide du système. Contrairement aux lanceurs traditionnels, conçus pour un usage unique ou partiellement réutilisable, Starship vise une remise en service en quelques jours. Cela permettrait une réduction drastique des coûts et un modèle économique proche de celui du fret aérien.
Une telle cadence ouvrirait la voie à des déploiements massifs de satellites, dont la constellation Starlink, mais aussi à la livraison de charges militaires ou scientifiques. Les agences gouvernementales observent avec attention, bien que des certifications réglementaires restent à venir.
Risques assumés, vision long terme
La stratégie de SpaceX repose sur une approche itérative agressive : tester en conditions réelles, échouer parfois, mais apprendre vite. Ce modèle de développement, qualifié de “stratégie du chaos contrôlé” par certains observateurs, a suscité critiques et admiration.
“La version 3 devrait permettre le premier vol orbital de Starship, une étape cruciale pour le programme”, résume une note de SpaceX France. Si cette version réussit ses promesses, elle redéfinira les standards mondiaux en matière de lancement spatial lourd.
Une nouvelle ère spatiale à portée de main
Avec la version 3, SpaceX espère finaliser la conception d’un véhicule entièrement réutilisable, polyvalent et capable de soutenir des missions interplanétaires. À terme, cela pourrait permettre des vols vers la Lune, Mars, ou des applications commerciales inédites, le tout dans un cadre économique soutenable.
Le test audacieux de la version 2 pourrait bien devenir le pivot d’une nouvelle ère. Il ne s’agissait pas uniquement d’un coup d’éclat technique, mais d’une étape méthodiquement planifiée dans un programme qui redéfinit les frontières du possible.

