Elon Musk a déclenché une salve de critiques virulentes contre le Secrétaire américain aux Transports et administrateur par intérim de la NASA, Sean Duffy, qu’il accuse de « saboter l’avenir spatial » des États-Unis en relançant la concurrence autour du programme lunaire Artemis. Le conflit, qui mêle enjeux politiques, stratégie industrielle et ambitions personnelles, place l’agence spatiale américaine au cœur d’une guerre d’influence sans précédent.
Une attaque frontale sur les réseaux sociaux
Tout a commencé le 21 octobre 2025, lorsque Sean Duffy a annoncé la réouverture à la concurrence du contrat Artemis 3. Ce contrat, clé pour l’objectif de retour américain sur la Lune, avait initialement été attribué à SpaceX. Cette décision a immédiatement fait réagir Elon Musk, fondateur de l’entreprise, qui s’est lancé dans une série de messages incendiaires sur la plateforme X.
Dans ces messages, Musk a surnommé Duffy « Sean Dummy », rapidement transformé en « Sean ‘Dangerously Stupid’ Dummy », affirmant que le secrétaire souhaitait « tuer la NASA ». Il a également tourné en dérision le passé sportif de Duffy, moquant ses titres mondiaux dans les sports de bûcheronnage et insinuant qu’il n’avait qu’un « QI à deux chiffres ».
Un conflit de visions stratégiques pour la NASA
Au cœur de cette querelle se trouve une divergence profonde sur la direction à donner à l’agence spatiale américaine. Tandis que Sean Duffy cherche à diversifier les prestataires et redonner une place à des concurrents comme Blue Origin, Elon Musk défend une approche axée sur la technicité et la rapidité d’exécution, estime que son entreprise « avance comme un éclair » face à une industrie restée trop lente.
Duffy, officiellement Secrétaire aux Transports depuis janvier 2025, occupe le poste d’administrateur intérimaire de la NASA depuis juillet. En coulisses, il militerait pour que l’agence soit placée sous la tutelle directe de son département, ce qui lui donnerait un poids inédit dans les orientations technologiques et budgétaires de l’exploration spatiale américaine.
Une rivalité politique sous tension
Cette confrontation s’inscrit dans un contexte politique tendu. En mai 2025, le président Trump avait retiré la nomination de Jared Isaacman, allié de longue date de Musk et commandant de plusieurs missions SpaceX, qui devait devenir administrateur de la NASA. Aujourd’hui, Musk semble chercher à relancer cette candidature en s’opposant frontalement à Duffy.
La lutte opposant ces deux hommes met en lumière les limites de la coopération entre partenaires privés et institutions fédérales. Musk fustige une ingérence politique qui ralentirait, selon lui, la conquête spatiale, tandis que Duffy souhaite renforcer l’encadrement public au nom de l’équité et de la diversification contractuelle.
Controverse et accusations
Outre les insultes publiques, le conflit a pris un tour plus grave. Certains propos de Musk à l’encontre de Duffy, relayés sur X, ont été interprétés par des observateurs comme homophobes, alimentant une polémique qui dépasse désormais le seul champ spatial. L’absence de réaction du camp présidentiel à ces sorties aggrave encore la situation, dans un contexte déjà marqué par une compétition acharnée entre entreprises spatiales américaines.
L’échéance de fin 2025 en ligne de mire
Le mandat intérimaire de Sean Duffy à la tête de la NASA expire en décembre 2025. Aucune décision officielle n’a été annoncée concernant sa confirmation ou la nomination d’un successeur. Pour Musk, l’enjeu est capital : préserver l’avance acquise par SpaceX dans le cadre d’Artemis, éviter la dilution de ses contrats, et redonner un cap clair à l’agence qu’il juge menacée par des arbitrages politiques défavorables.
Pour Duffy, en revanche, le moment est l’occasion d’imprimer sa vision d’une NASA plus ouverte, moins dépendante d’un seul fournisseur privé, et opérant sous un contrôle plus opérationnel du pouvoir exécutif. À court terme, l’avenir de l’exploration lunaire américaine se jouera donc autant dans les coulisses de Washington que dans les bureaux d’ingénieurs.
Une bataille de personnes, une bataille d’idéologies
Cette querelle dépasse les égos. Elle reflète un affrontement entre deux conceptions opposées de l’innovation et du progrès technologique : l’une fondée sur l’initiative privée, la disruption et l’autonomie industrielle ; l’autre faisant la part belle à une vision étatique, coordonnée et pluraliste de l’aventure spatiale.
À quelques mois d’échéances politiques décisives, l’issue de ce duel pourrait reconfigurer profondément la gouvernance de la NASA. Et par-delà, orienter le rôle des États-Unis dans la nouvelle conquête spatiale qui se dessine, entre retour sur la Lune et prochaines étapes vers Mars.



