Course effrénée entre SpaceX et Blue Origin : qui posera le premier l’humain sur la Lune ?

La compétition s’intensifie entre SpaceX et Blue Origin pour déterminer qui fournira le premier atterrisseur lunaire habité de la NASA. Jared Isaacman, nouveau patron de l’agence, l’a confirmé : l’entreprise prête en premier remportera la mission Artemis III.

Une course spatiale ravivée pour Artemis III

La NASA s’apprête à franchir une étape historique avec Artemis III, prévue pour 2027. Cette mission doit ramener les astronautes américains sur la Lune, pour la première fois depuis Apollo 17 en 1972. Jusqu’ici, SpaceX avait été choisi pour développer l’atterrisseur lunaire, via une version modifiée de son Starship. Mais les retards accumulés ont changé la donne. Blue Origin, jusque-là mobilisé pour Artemis V, pourrait désormais devancer son rival.

Lors de sa prise de fonction, Isaacman a déclaré que « le fournisseur prêt en premier assurera la mission ». Cette affirmation relance une concurrence féroce entre Elon Musk et Jeff Bezos, où chaque jour compte. L’objectif : démontrer sa capacité à livrer un système habité fonctionnel dans les délais impartis.

Les retards de SpaceX ouvrent une brèche

SpaceX a jusqu’à présent franchi 49 jalons clés de son programme Starship HLS, selon la NASA. Pourtant, les délais persistants ont eu un impact direct sur le calendrier global d’Artemis. En réponse, l’agence a rouvert la compétition en octobre 2025, offrant à Blue Origin une alternative potentielle pour Artemis III.

Malgré cela, SpaceX continue de bénéficier d’une solide avance technologique et opérationnelle. L’entreprise assure le transport d’astronautes pour la NASA depuis 2020 et dispose d’une infrastructure éprouvée. Ses capacités de production et d’itération rapide restent un atout déterminant.

Blue Origin accélère et mise sur Blue Moon MK1

De son côté, Blue Origin multiplie les annonces et les essais. Au cœur de sa stratégie : l’atterrisseur MK1 Blue Moon, conçu pour atterrir au pôle Sud lunaire dès le premier trimestre 2026. D’une hauteur de plus de 8 mètres pour un diamètre de 3 mètres, l’engin est lancé par le New Glenn, dont le premier vol orbital a récemment réussi.

Prochain jalon : la mission Pathfinder, visant à tester la propulsion, les systèmes avioniques et les instruments scientifiques du MK1 en condition réelle. Objectif : valider cette plateforme avant fin 2026. Une version améliorée, le Mark 1.5, est également en cours de préparation comme principale proposition pour Artemis III.

Blue Origin prévoit aussi une démonstration autonome en milieu lunaire simulé et a franchi une revue de conception critique en septembre 2025. L’entreprise affiche ses ambitions de réduire les coûts de missions lunaires de 60 % grâce à une nouvelle configuration 9×4 et des piles à combustible allégées.

Des enjeux géopolitiques et technologiques

Cette course lunatique entre les géants du spatial ne se limite pas à des considérations commerciales. Elle s’inscrit dans une logique stratégique plus large. Le président américain a récemment signé un décret exécutif pour établir une base permanente sur la Lune d’ici 2030, incluant l’installation de réacteurs nucléaires pour soutenir la présence humaine.

Dans ce contexte, la réactivité des fournisseurs prend une dimension géopolitique. L’ombre de la Chine, dont les ambitions lunaires sont claires, accentue la pression. Pour Isaacman, cette dynamique impose une règle simple : l’atterrisseur prêt en premier sera celui que l’agence retiendra – quelle que soit l’entreprise initialement sélectionnée.

La rivalité Musk-Bezos renaît sur un nouveau terrain

Cette décision marque un tournant dans les relations entre la NASA et ses partenaires privés. SpaceX, partenaire de longue date, bénéficie toujours d’une réputation de fiabilité. Pourtant, Blue Origin, longtemps en retrait, se repositionne rapidement, porté par les investissements de Bezos et une expertise technique croissante.

Le fondateur d’Amazon a publié en novembre une image du MK1 sur la plateforme X, quelques semaines avant de présenter officiellement le Mark 1.5. Musk, de son côté, s’est montré critique envers l’ancien administrateur intérimaire de la NASA, affirmant que son entreprise mènera seule la mission. Mais la compétition est désormais bien réelle, et les prochains mois seront déterminants.

Un avenir lunaire incertain mais imminent

La décision finale de la NASA influencera non seulement la réussite d’Artemis III, mais aussi la trajectoire de l’exploration lunaire habitée pour les décennies à venir. Entre Starship HLS et Blue Moon MK1.5, la course reste ouverte. Chaque test, chaque vol, chaque prototype compte désormais.

À mesure que les délais s’amenuisent, la NASA se concentre sur une seule question fondamentale : qui sera prêt à faire alunir des humains en toute sécurité, en premier ?

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