New Glenn vs Starship : comparaison des mégafuseaux de Blue Origin et de SpaceX

Le lancement réussi du New Glenn en janvier 2025 marque un tournant majeur dans la compétition spatiale américaine. Pour la première fois, Blue Origin dispose d’un lanceur lourd opérationnel capable de rivaliser – du moins partiellement – avec les géants de SpaceX. Pendant ce temps, Starship, malgré un développement plus explosif que linéaire, progresse vers une réutilisation ultra-rapide et des vols commerciaux.

Alors, que valent réellement ces deux monstres de l’espace ? Sont-ils de véritables concurrents ou poursuivent-ils des objectifs fondamentalement différents ? Voici une comparaison détaillée.

1. Deux visions, deux concepts

New Glenn : le lanceur lourd polyvalent

Développé par Blue Origin, New Glenn est une fusée lourde à deux étages, partiellement réutilisable. Conçue pour les missions commerciales, gouvernementales et à terme habitées, elle doit devenir l’épine dorsale de l’écosystème spatial de Blue Origin : station orbitale Orbital Reef, missions lunaires, ou encore satellites pour Amazon et d’autres clients.

Après des années de retards, son premier vol du 16 janvier 2025 a finalement atteint l’orbite, validant l’architecture du lanceur.

Starship : le pari interplanétaire

Le Starship de SpaceX est un système entièrement réutilisable, composé du booster Super Heavy et du vaisseau Starship. L’ambition dépasse la simple mise en orbite : SpaceX veut en faire un véhicule de colonisation martienne et un transporteur de charges massives pour l’espace lointain.

Déjà testée plusieurs fois en conditions orbitales, la fusée n’a pas encore transporté de charges commerciales, mais ses performances théoriques surpassent tous les lanceurs de l’histoire.

2. Caractéristiques techniques : le duel en chiffres

Dimensions

  New Glenn Starship
Hauteur 98 m 120 m (jusqu’à 150 m pour futures versions)
Diamètre 7 m 9 m

Propulsion

New Glenn

  • 7 moteurs BE-4 au premier étage (méthane/LOX), 9 millions de livres de poussée

  • 2 moteurs BE-3U au second étage (hydrogène/LOX), 173 000 livres chacun

Starship

  • 33 moteurs Raptor au premier étage, 7 millions de livres de poussée aujourd’hui, jusqu’à 22 millions visés

  • 6 Raptors sur Starship (3 SL + 3 vacuum), 3 à 5,9 millions de livres de poussée

Capacités de lancement

  New Glenn Starship
LEO 45 t 100 à 150 t (250 t sans réutilisation)
GTO 13 t
Volume utile Coiffe de 22 m Baie d’environ 17 m de haut

3. Reusabilité : deux approches

New Glenn

  • Réutilisation du premier étage (retour sur droneship)

  • Jusqu’à 25 réutilisations

  • Aucun étage supérieur réutilisable pour l’instant

Starship

  • Entièrement réutilisable

  • Super Heavy et Starship peuvent être attrapés par la tour

  • Objectif de cadence très élevée, à terme plusieurs vols par jour

4. Versatilité des missions

New Glenn

  • Allumage en orbite du second étage

  • Excellente capacité pour charges volumineuses

  • Coût par kg compétitif

  • Idéal pour satellites commerciaux, missions lunaires et charges gouvernementales

Starship

  • Ravitaillement en orbite, un avantage majeur

  • Capable d’emporter stations spatiales, rovers, modules lunaires, cargos martiens

  • Vise également le transport point-à-point sur Terre

  • Pensé pour les missions lunaires et martiennes

5. Coûts : avantage SpaceX sur le long terme

New Glenn

  • Coût estimé : 68 millions de dollars par lancement

  • Environ 1 511 dollars/kg vers l’orbite basse

Starship

  • Coût actuel d’un vol test : ~100 millions

  • Objectif annoncé : moins de 10 millions par vol

  • Prix client final non communiqué

6. Impact sur le marché spatial

New Glenn : un rival direct du Falcon Heavy

Avec son coût bas et sa belle capacité, New Glenn devient un véritable concurrent du Falcon 9 et surtout du Falcon Heavy. Son carnet de commandes 2025 est déjà conséquent : OneWeb, Telesat, Amazon Kuiper, gouvernements, agences spatiales.

Starship : le perturbateur ultime

Starship pourrait bouleverser tout le secteur grâce à :

  • sa capacité de lancement massive

  • son coût potentiel extrêmement bas

  • sa cadence visée très élevée

  • son rôle central dans Artemis et les missions martiennes

7. Prochaines étapes : 2025–2030

New Glenn

  • Lancement des sondes martiennes ESCAPADE

  • Multiples vols Kuiper

  • Concurrence directe avec SpaceX et ULA pour les contrats du Pentagone

  • Possibilité à long terme d’un étage supérieur réutilisable

Starship

  • Début des vols Starlink en orbite basse

  • Missions commerciales (Starlab, Lunar Outpost)

  • Premier alunissage habité pour Artemis prévu en 2027

  • Premières missions robotisées vers Mars dès 2026–2028

Conclusion : un duel, mais deux mondes différents

La réussite du New Glenn marque l’entrée de Blue Origin dans la cour des grands. Il devient un concurrent solide pour les missions commerciales et gouvernementales, notamment face au Falcon Heavy.

Starship, lui, vise beaucoup plus loin. Ce n’est pas seulement un lanceur lourd, mais un système conçu pour révolutionner le transport spatial, réduire drastiquement les coûts et ouvrir la voie à la conquête de la Lune et de Mars.

Sur le court terme, New Glenn s’impose comme une alternative crédible.
Sur le long terme, Starship reste le projet le plus ambitieux jamais entrepris dans l’histoire de l’astronautique.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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