SpaceX reporte l’alunissage d’Artemis III à 2028 : un revers inquiétant pour la NASA

Un document interne récemment divulgué confirme ce que beaucoup redoutaient : SpaceX ne respectera pas la date butoir initiale fixée par la NASA pour le premier alunissage habité dans le cadre de la mission Artemis III. Ce glissement de calendrier, désormais estimé à 2028 au plus tôt, reporte une étape fondamentale du retour de l’humanité sur la Lune.

Un objectif lunaire repoussé encore une fois

Initialement prévue pour 2025, la mission Artemis III devait marquer le retour des astronautes américains sur la surface lunaire, pour la première fois depuis plus de cinquante ans. Ce jalon s’inscrivait dans un cadre plus vaste : établir une présence humaine durable sur la Lune avant de viser Mars.

Mais selon un document de programme interne de SpaceX révélé récemment, l’échéancier initial ne pourra pas être tenu. Le calendrier révisé suggère désormais un atterrissage lunaire non habité en juin 2027, suivi d’une mission habitée – Artemis III – au plus tôt en septembre 2028.

Les raisons d’un retard prévisible

Plusieurs facteurs techniques majeurs expliquent ces retards. Le plus critique est le ravitaillement orbital entre deux vaisseaux Starship, une technologie encore expérimentale. Cette étape est indispensable : elle permettra de transférer assez de carburant pour envoyer le Starship HLS vers la Lune et le ramener.

Or, ce test crucial n’est pas attendu avant juin 2026. Le module lunaire Starship n’a pas encore démontré la faisabilité de ce type de manœuvre, qui implique des opérations cryogéniques complexes dans le vide spatial.

Des moteurs capricieux et des essais encore limités

Le moteur Raptor, cœur du système de propulsion du Starship, constitue lui aussi une source d’inquiétudes. Si SpaceX affirme que la technologie est proche de maturité, le Government Accountability Office (GAO) l’identifie comme un risque critique. Son développement a déjà provoqué plusieurs ajustements du calendrier.

À cela s’ajoute une réalité technique : malgré plusieurs essais à haute altitude, le Starship n’a jamais effectué de vol orbital complet ou de mission lunaire d’essai. Le véhicule doit donc encore prouver sa fiabilité en conditions réelles.

Une reconfiguration stratégique imminente

La NASA, bien qu’informée des difficultés, n’a pas encore officialisé ce changement de calendrier. Celui-ci pourrait être entériné à la fin de l’année 2025, lors de la soumission par SpaceX de son “integrated master schedule”, un document contractuel de référence.

Cette étape marquera une reconfiguration stratégique. Un rapport du Comité consultatif de sécurité aérospatiale de la NASA en septembre 2025 estime que ces délais étendus sont “probablement plus réalistes”, tout en soulignant l’ampleur des défis techniques encore à surmonter.

Des conséquences sur l’ensemble du programme Artemis

Ce report n’est pas anodin. Artemis III constitue un pivot dans l’architecture globale du programme Artemis. Chaque mission ultérieure – comme Artemis IV, qui prévoit une livraison de modules pour une future station en orbite lunaire – dépend de la réussite des missions précédentes.

Faute d’atterrissage en 2026, la NASA envisage déjà des alternatives. Parmi elles, un vol sans alunissage, limité à un simple amarrage entre Orion et Starship en orbite terrestre basse. D’autres options incluent l’ouverture à de nouveaux fournisseurs pour le système d’atterrissage habité. Un appel à propositions a été lancé discrètement en octobre 2025 afin d’assurer une solution de secours.

Entre innovation de rupture et blocages technologiques

L’audace du projet mené par SpaceX est indéniable. Construire un véhicule lunaire réutilisable, capable de ravitaillement orbital, constitue une avancée potentiellement décisive dans la conquête spatiale. Mais cette ambition s’oppose aux rigueurs des contraintes industrielles, technologiques et budgétaires.

À mesure que 2026 approche, deux enjeux convergent : démontrer la viabilité du ravitaillement orbital d’une part, et valider la fiabilité du Starship HLS dans un environnement lunaire d’autre part. En cas de nouvel échec, c’est l’ensemble du calendrier de la stratégie lunaire américaine qui serait remis en cause.

Une date à surveiller : décembre 2025

La fin de l’année 2025 sera cruciale. C’est à ce moment que SpaceX devra soumettre à la NASA son calendrier révisé. Cette soumission conditionnera une éventuelle réévaluation du contrat, des échéances officielles et du soutien budgétaire fédéral.

Sans cette validation, le contrat entre la NASA et SpaceX pourrait se fragiliser. Toutefois, la collaboration entre les deux entités demeure solide. Ensemble, elles partagent le même objectif : atteindre la Lune de manière durable, avec pour horizon la planète rouge.

Une nouvelle course contre la montre

Le programme Artemis a réussi à rallumer la flamme de la conquête lunaire. Mais face aux aléas du développement technologique, la promesse d’un alunissage en milieu de décennie s’éloigne. L’objectif reste en vue, mais la ligne d’arrivée est désormais plus floue.

C’est une nouvelle course contre la montre qui s’engage pour SpaceX. Si le Starship tient ses promesses, il pourrait révolutionner l’exploration spatiale. Dans le cas contraire, la NASA devra reconfigurer une fois de plus son itinéraire vers la Lune.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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