Face à des pressions politiques et à des délais toujours plus serrés, SpaceX a dévoilé une nouvelle itération simplifiée de son atterrisseur lunaire Starship HLS. L’objectif : garantir un retour américain sur la Lune d’ici fin 2026, malgré des retards technologiques et une concurrence accrue.
Un Starship plus simple pour accélérer le retour lunaire
Ce nouveau plan présenté par SpaceX réduit la complexité du module lunaire initialement prévu pour la mission Artemis 3. Il s’agit d’une réponse directe à la décision de la NASA de rouvrir la compétition sur le contrat du système d’alunissage, afin de se prémunir contre de nouveaux reports majeurs. L’agence laisse ainsi la porte ouverte à d’autres acteurs, tels que Blue Origin.
Le Starship HLS simplifié devrait inclure une configuration intérieure allégée, une réduction des équipements jugés non essentiels, et un système plus robuste pour améliorer la fiabilité lors des phases critiques de la mission. Ce changement stratégique vise à garantir la certification du vaisseau avant 2026, malgré les retards accumulés sur les versions précédentes.
Un calendrier serré pour des essais intensifs
Pour hâter le développement, SpaceX prévoit en 2025 jusqu’à 25 vols d’essai de sa fusée Starship. Ces vols auront lieu depuis les installations situées au Texas, dans un rythme sans précédent pour le secteur spatial. Une première mission non habitée vers la Lune est programmée à l’automne 2025. L’objectif est de valider les capacités d’atterrissage et de redécollage du vaisseau depuis la surface lunaire.
La démonstration du transfert de carburant en orbite, un élément crucial pour toute mission lunaire ou martienne, est prévue au printemps. Enfin, une présentation grandeur nature du module HLS et de son espace habitable est annoncée pour septembre 2025. Ces échéances sont essentielles pour respecter le calendrier du programme Artemis.
Une pièce maîtresse du programme Artemis
Le Starship HLS est la version lunaire du vaisseau Starship de SpaceX, un lanceur de plus de 120 mètres — le plus grand jamais construit — combinant un booster Super Heavy et un étage supérieur entièrement réutilisable. Dans le cadre d’Artemis 3, cette version spéciale est conçue pour poser deux astronautes sur la Lune pendant six jours, tandis qu’un troisième restera en orbite dans la capsule Orion.
Signé en 2021 pour un montant estimé entre 3 et 4,5 milliards de dollars, le contrat avec la NASA positionne SpaceX comme un acteur clé de l’exploration lunaire américaine. Cependant, les délais prolongés menacent ce rôle stratégique. La NASA n’exclut plus de faire appel à des alternatives.
La pression monte sur SpaceX et la NASA
Sur fond de rivalité internationale croissante — notamment avec la Chine — les États-Unis misent sur une démonstration technologique forte. Or, les retards techniques du Starship donnent lieu à de vives inquiétudes à Washington. Le caractère symbolique du retour lunaire d’ici 2026 est renforcé par sa portée politique.
Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, a récemment déclaré : « Le président et moi voulons aller sur la Lune durant notre mandat. Nous n’allons pas attendre une seule entreprise. » Cette annonce a accéléré les ajustements de SpaceX, aujourd’hui engagée dans une course contre la montre pour maintenir sa position dominante.
Une ambition industrielle inégalée
En 2025, SpaceX ambitionne de lancer un Starship toutes les deux semaines. Cette cadence intensive vise à maximiser les apprentissages techniques et logistiques, tout en renforçant la crédibilité du programme face à la NASA et aux observateurs internationaux.
L’entreprise développe également des systèmes automatisés de récupération des étages et continue d’adapter son infrastructure pour soutenir ce rythme sans précédent. Ces efforts industriels, bien qu’audacieux, seront déterminants pour assurer la faisabilité de la mission Artemis 3 dans le laps de temps restant.
Échéances clés à venir
Si le calendrier visé reste ambitieux, certaines dates sont désormais cruciales :
- Janvier 2025 : premiers vols d’essais Starship
- Mars 2025 : essai du ravitaillement en orbite
- Septembre 2025 : présentation grandeur nature du Starship HLS
- Automne 2025 : vol test non habité vers la Lune
- Fin 2026* : mission Artemis 3, alunissage prévu des astronautes
*Cette échéance reste incertaine selon les résultats des essais techniques en 2025.
L’avenir du programme Artemis en jeu
Si SpaceX parvient à relever le défi logistique et technique imposé par sa nouvelle feuille de route, elle conservera un rôle central dans l’exploration humaine de la Lune. Mais tout échec critique pourrait pousser la NASA à activer un plan B, mettant en jeu l’avenir même du partenariat stratégique engagé depuis 2021.
Dans ce contexte tendu, chaque lancement et chaque test prévu en 2025 revêt une importance capitale. L’enjeu ne se limite plus à atteindre la Lune, mais à le faire avant la concurrence — et dans les délais imposés par Washington.



