La fusée géante de SpaceX, Starship, s’apprête à décoller pour un vol d’essai critique : le tenth flight test du lanceur entièrement réutilisable est prévu le 24 août 2025 à 19h30 EDT (23h30 UTC) depuis la base de lancement Starbase, au Texas. Ce lancement pourrait marquer un tournant décisif dans le développement du programme spatial le plus ambitieux de SpaceX à ce jour, alors que la société redouble d’efforts pour démontrer la fiabilité de Starship en vue des futures missions lunaires habitées de la NASA.
Objectifs techniques et charge utile du vol 10
Pour ce dixième essai, SpaceX déploiera deux nouveaux prototypes de la version Block 2 : le booster Super Heavy B16 et le deuxième étage Ship 37. Les ingénieurs ont intégré des améliorations majeures pour affiner le système à deux étages, notamment en matière de contrôle de la rentrée et d’endurance structurale.
Le vol vise à élargir l’enveloppe opérationnelle de Super Heavy en testant plusieurs séquences d’allumage moteur et manœuvres de freinage atmosphérique lors de la descente. Simultanément, SpaceX tentera pour la première fois de mettre en orbite une charge utile, composée de huit objets plats simulant des satellites Starlink de troisième génération. Ce test ouvre la voie vers les futures mises en service commerciales du véhicule.
Parmi les autres vérifications critiques attendues, le vol 10 comprendra un rallumage d’un moteur Raptor en vol, une étape essentielle pour valider les capacités à effectuer un retour contrôlé depuis l’orbite.
Un calendrier sous pression
Le vol intervient après une série de tentatives mitigées au cours de l’année. Les trois précédents essais menés en 2025 ont abouti à la perte du deuxième étage, compromettant l’objectif de réutilisabilité. Le dernier test en mai s’est terminé par un échec, suivi d’un accident au sol en juillet qui a détruit le Ship 37 originalement prévu pour cette mission.
Malgré ces revers, SpaceX poursuit un rythme soutenu de lancement et de développement. L’enjeu est capital : Starship est retenu comme module d’atterrissage lunaire pour la mission Artemis 3, qui devrait effectuer un atterrissage humain sur la Lune en 2027, une première depuis Apollo 17 en 1972.
Des technologies clés encore en phase de test
La fusée entièrement assemblée mesure environ 120 mètres de haut, ce qui en fait le plus grand lanceur jamais construit. Elle s’appuie sur les moteurs Raptor, fonctionnant au méthane et à l’oxygène liquide, avec un objectif central : la réutilisabilité complète.
SpaceX continue de tester son impressionnant système “Mechazilla” — une structure robotique qui doit capturer le booster à son retour. Bien que la récupération verticale n’ait pas encore été réalisée avec succès, ces essais servent à valider des manœuvres de précision indispensables pour les opérations futures sur Terre et sur la Lune.
Conditions de lancement et mesures de sécurité
Le décollage est prévu dans une fenêtre d’une heure à partir de 19h30 EDT, sous réserve des conditions météorologiques et de l’état de préparation du pas de tir. Les autorités ont émis des restrictions temporaires de vol et de navigation dans le golfe du Mexique afin d’assurer la sécurité des opérations.
Le déplacement du booster vers la rampe a eu lieu le 21 août, marquant la dernière étape logistique avant lancement. SpaceX devrait communiquer la confirmation finale quelques heures avant l’ouverture de la fenêtre de tir.
Une mission décisive pour la crédibilité du programme
Le succès de Starship Flight 10 revêt une importance stratégique pour SpaceX. Il permettrait non seulement de démontrer la fiabilité du système, mais aussi de renforcer la confiance de ses partenaires institutionnels, à commencer par la NASA.
La société privée fondée par Elon Musk ambitionne de faire de Starship la première fusée orbitale 100 % réutilisable, capable aussi bien d’envoyer des satellites qu’une équipe humaine vers Mars.
Alors que la mission Artemis se rapproche, chaque vol d’essai concentre là un peu plus l’attention sur les performances du nouveau géant spatial. L’essai du 24 août sera plus qu’une répétition : il pourrait déterminer le calendrier du retour de l’humanité sur la Lune.