Thomas Pesquet : « Aller sur Mars serait effroyable de vide et de rien »

Thomas Pesquet, figure emblématique de la conquête spatiale française, a surpris en déclarant qu’il ne souhaitait plus aller sur Mars. L’astronaute explique ce revirement dans son nouveau livre Éloge du dépassement, coécrit avec le physicien Étienne Klein et publié chez Flammarion.

Un voyage trop long et trop vide

Déjà deux fois embarqué à bord de la Station spatiale internationale (ISS), à seulement 400 km de la Terre, Pesquet connaît bien la vie en orbite. Mais pour lui, Mars, c’est une autre dimension : « Cette mission sera effroyable de vide et de rien », écrit-il.
L’aller-retour vers la planète rouge représenterait près de 900 jours de voyage, dont 300 rien que pour l’aller, dans un espace exigu : « 300 jours dans le volume d’une Fiat 500… il va falloir beaucoup de coloriages pour s’occuper ! » plaisante-t-il.

Ce confinement extrême, loin de toute vue sur la Terre, représente selon lui un risque psychologique considérable : « On peut littéralement péter un plomb », admet-il.

Des risques techniques considérables

Au-delà de l’ennui, Pesquet évoque aussi les dangers techniques d’un tel périple.
« Une fois lancé, on ne peut plus faire demi-tour. En cas de problème, le moyen le plus rapide de revenir, c’est encore d’aller jusqu’à Mars et de faire le tour de la planète pour utiliser sa gravité », explique-t-il.
Autrement dit, impossible de rebrousser chemin : une défaillance pourrait transformer la mission en odyssée de 600 jours sans retour anticipé.

Mars, un rêve encore lointain

Selon Philippe Henarejos, rédacteur en chef du magazine Ciel & Espace, un vol habité vers Mars n’est pas pour demain:
« Aucune agence spatiale n’a aujourd’hui le début d’un financement pour une telle mission », rappelle-t-il.
Les distances — entre 75 et 400 millions de kilomètres selon les orbites — et les défis techniques (volume habitable, atterrissage, retour) rendent l’entreprise titanesque et coûteuse, à hauteur de centaines de milliards de dollars.

Un rêve lunaire avant tout

À 47 ans, Thomas Pesquet garde pourtant la tête dans les étoiles. S’il se montre prudent sur Mars, il n’exclut rien : « En tant qu’être raisonnable, je réserve ma décision pour l’instant. »
Mais pour l’heure, son objectif reste la Lune, à seulement 400 000 km de la Terre. Une destination qu’il espère fouler d’ici 2027, dans le cadre des futures missions lunaires internationales.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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