“Une manœuvre spatiale inédite” : la sonde Juno s’apprête à traquer un mystérieux visiteur interstellaire

Pour la première fois dans l’histoire de l’exploration spatiale, une sonde active pourrait réussir un survol rapproché d’un objet interstellaire. Une étude publiée en juillet 2025 propose de rediriger la mission Juno, actuellement en orbite autour de Jupiter, afin d’intercepter 3I/ATLAS, un visiteur énigmatique venu d’un autre système stellaire.

Une opportunité rare et historique

Découvert récemment, 3I/ATLAS est le troisième objet interstellaire détecté à pénétrer dans notre système solaire, après 2I/Borisov et 1I/‘Oumuamua. Il suit une trajectoire hyperbolique avec une excentricité extrême d’environ 6,2, excluant toute origine solaire. L’objet présente une activité cométaire marquée, avec la formation visible d’une coma, probablement générée par la sublimation de glaces volatiles. Cette caractéristique le rapproche de Borisov, en opposition à ‘Oumuamua, resté silencieux.

Juno pourrait croiser la route de 3I/ATLAS autour du 14 mars 2026, lorsque l’objet passera à quelque 53,56 millions de kilomètres de Jupiter (soit 0,358 unité astronomique). Cette distance, bien que vaste à l’échelle planétaire, représenterait une approche sans précédent pour une sonde face à un objet interstellaire.

Une manœuvre propulsive inédite

Pour réaliser cette interception, les chercheurs Abraham Loeb, Adam Hibberd et Adam Crowl ont défini une stratégie utilisant une manœuvre de type Oberth. Juno recevrait, le 9 septembre 2025, un delta-V de 2,6755 km/s pour modifier son périjove – le point de son orbite le plus proche de Jupiter.

En s’enfonçant plus profondément dans le puits gravitationnel de la planète géante, Juno pourrait profiter au maximum de l’effet Oberth. Ce principe, bien connu des dynamiques orbitaux, permet d’accroître la vitesse d’un engin lorsqu’il allume ses moteurs au plus proche d’un corps massif. La sonde serait alors catapultée vers la trajectoire de 3I/ATLAS.

Une instrumentation prête à l’action

Au cours de cette rencontre, les instruments embarqués sur Juno pourraient collecter des données inédites :

  • Spectromètre infrarouge, pour analyser la signature thermique et la composition des gaz émis ;
  • Magnétomètre, pour détecter toute interaction avec le champ magnétique jupitérien ou de potentielles anomalies internes ;
  • Radiomètre micro-ondes, utile pour sonder les éventuelles couches internes en activité ;
  • Spectrographe UV et caméra optique, afin de visualiser la structure de la queue cométaire et la coma ;
  • Détecteur de particules énergétiques, capable de capter toute émission ou particule inédite dans l’environnement immédiat de l’objet.

Ces observations pourraient révéler des informations essentielles sur la composition chimique et la structure interne de 3I/ATLAS, ainsi que sur les processus actifs lors de sa traversée du système solaire.

Une cible mystérieuse aux comportements étranges

Outre sa rareté, 3I/ATLAS intrigue les astronomes par une accélération non gravitationnelle observée dans sa trajectoire. Ce comportement, également remarqué avec ‘Oumuamua, alimente certaines spéculations scientifiques. Certains chercheurs, dont Loeb lui-même, n’excluent pas l’hypothèse – encore très controversée – d’un objet partiellement ou totalement artificiel.

Bien que ces théories restent sans preuve directe, l’étude rapprochée de 3I/ATLAS offrirait une occasion concrète pour les missions d’investigation interstellaire, domaine encore balbutiant dans l’exploration spatiale.

Un calendrier serré pour une mission risquée

Le plan proposé repose sur un enchaînement précis d’événements orbitalement critiques. Voici les principales dates :

  • 9 septembre 2025 : impulsion propulsive appliquée à Juno, modifiant son orbite autour de Jupiter ;
  • 14 mars 2026 : survol rapproché de 3I/ATLAS à environ 53,56 millions de kilomètres de Jupiter ;
  • 16 mars 2026 : passage de l’objet au plus proche de la planète géante.

Ce type d’opération dépend de nombreux paramètres techniques exigeants, comme la manœuvre en temps réel, le carburant disponible à bord de Juno, et la réaction de l’instrumentation aux nouvelles contraintes de mission.

Vers une nouvelle génération de missions adaptatives

Au-delà de ses enjeux immédiats, ce projet représente un changement de paradigme dans l’exploration spatiale. Il démontre qu’une mission existante, conçue à l’origine pour étudier Jupiter, peut être réorientée vers des objectifs radicalement différents grâce à la mécanique orbitale et à des stratégies croisées d’ingénierie et d’astrodynamique.

Cette approche réactive et flexible pourrait devenir la norme pour capter les phénomènes cosmiques rares, tels que les objets interstellaires détectés au dernier moment. Elle suggère également l’intérêt croissant à préparer de futures plateformes robotiques capables de frapper vite et loin en direction de cibles exogènes.

Conclusion : Juno face à l’inconnu

Si l’interception de 3I/ATLAS par la sonde Juno est validée, elle marquera une étape majeure de la recherche spatiale. Jamais auparavant une sonde n’a approché un objet interstellaire sous un angle aussi favorable. Au-delà de la prouesse technique, cette mission offrirait un aperçu direct sur la matière venant d’un autre système, jetant un pont entre notre système solaire et le reste de la galaxie.

Rendez-vous sur SpaceXFrance est donc pris pour mars 2026. Car si l’histoire de l’exploration est faite d’opportunités rares, celle-ci pourrait bien redéfinir nos capacités à saisir les messages lancés par les confins du cosmos.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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