Le satellite OCO-2 de la NASA, encore pleinement opérationnel et crucial pour le suivi des gaz à effet de serre, pourrait être détruit sur ordre gouvernemental. Une décision qui soulève de graves inquiétudes scientifiques, légales et environnementales.
Un instrument-clé pour la compréhension du climat mondial
Depuis son lancement en juillet 2014, l’Orbiting Carbon Observatory-2 (OCO-2) est l’un des piliers de la stratégie spatiale américaine pour le suivi du changement climatique. Ce satellite mesure avec une précision inégalée les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre majeur responsable du réchauffement planétaire.
Les données d’OCO-2 ont permis de grandes avancées scientifiques : cartographies globales haute résolution, compréhension approfondie des flux de CO2 entre l’atmosphère, les sols, et la biomasse, mais aussi découverte du rôle accru des forêts boréales dans l’absorption du carbone. Il s’agit d’un outil fondamental pour suivre les engagements liés à l’Accord de Paris.
Destruction ordonnée malgré une pleine fonctionnalité
Malgré son bon état et sa pertinence, des sources internes à la NASA révèlent que l’administration Trump aurait demandé la désorbitation volontaire du satellite, sans justification officielle. Selon ces informations, la mission OCO-2 figurerait parmi plusieurs projets climatiques fédéraux visés par des coupes budgétaires prévues pour mai 2025.
La directive implique une rentrée atmosphérique qui détruirait le satellite, provoquant une perte définitive de données uniques. Aucune panne technique ou contrainte opérationnelle ne justifie cette décision. Au contraire, le satellite fonctionne au-delà de ses objectifs initiaux.
Un signal d’alarme pour la science et la transparence
Cette mesure a déclenché une onde de choc dans la communauté scientifique. Anna Michalak, experte en sciences environnementales à Stanford, juge la destruction prématurée de la mission comme étant « tragique ». Elle insiste sur le fait que les données d’OCO-2 gagnent en valeur avec le temps, dans un contexte où les impacts climatiques s’intensifient.
Les chercheurs, les institutions environnementales, les agriculteurs et les entreprises dépendent de ces mesures pour élaborer des politiques, ajuster des modèles climatiques et planifier des stratégies d’atténuation. L’arrêt brutal du programme OCO-2 priverait la planète d’un suivi irremplaçable des émissions de CO2.
Des secrets internes et des conflits éthiques
Des employés au sein même de la NASA affirment, sous condition d’anonymat, que l’ordre de détruire OCO-2 a suscité un profond malaise. Ils auraient reçu consigne de ne pas évoquer publiquement cette directive. Cette situation soulève des interrogations sur la légalité d’une telle instruction et sur le respect du cadre institutionnel de l’agence spatiale.
La tension entre science et politique atteint ici un point critique. Interférer avec une mission scientifique encore efficace, au nom d’objectifs non explicités, menace non seulement l’intégrité de la NASA, mais aussi la capacité du pays à répondre à la crise climatique avec des données fiables.
Un précédent dangereux pour l’observation climatique
Le cas d’OCO-2 illustre le danger de décisions administratives unilatérales sur des infrastructures spatiales à vocation scientifique. Ce satellite est aujourd’hui le seul engin fédéral spécifiquement dédié à la surveillance globale du CO2. Si sa mission s’arrête, aucune alternative équivalente n’est prête à prendre le relais dans l’immédiat.
En l’absence de garanties politiques, la NASA envisage des partenariats avec des acteurs privés pour assurer la continuité de la surveillance. Cette tendance pose d’autres problèmes : sera-t-il possible d’assurer l’accès libre et public aux données climatiques si leur production dépend du secteur privé ?
Un impact global en pleine urgence climatique
En 2023, année la plus chaude jamais enregistrée, OCO-2 a détecté un affaiblissement important des puits de carbone terrestres, alerte directe sur la déstabilisation des écosystèmes. Dans un monde proche des seuils de basculement environnementaux, détruire volontairement une source aussi précieuse d’observation équivaut, selon les scientifiques, à éteindre un phare en pleine tempête.
Ce projet de destruction met en lumière un choc frontal entre impératifs politiques et responsabilités scientifiques. L’incertitude qui entoure cette décision souligne l’urgence de défendre l’indépendance de la recherche et la protection des infrastructures climatiques publiques.