Pourquoi les satellites Starlink chutent en rafale depuis l’orbite terrestre

Les satellites Starlink font face à un phénomène de chutent. SpaceX peut-elle contrer cette menace venue du Soleil ?

Depuis plusieurs mois, les satellites Starlink développés par SpaceX chutent de l’orbite terrestre à un rythme croissant, mettant en lumière une vulnérabilité inattendue : l’intense activité du Soleil. Alors que le maximum solaire de son cycle de 11 ans s’intensifie, les tempêtes solaires provoquent une dégradation accélérée de l’environnement orbital, menaçant la longévité de ces engins en orbite basse.

Pourquoi les satellites Starlink chutent en rafale depuis l’orbite terrestre

Des orages solaires aux conséquences orbitales

Les tempêtes solaires — manifestations puissantes de l’activité magnétique du Soleil telles que les éruptions solaires ou les éjections de masse coronale — envoient des bouffées de particules chargées vers la Terre. Lorsqu’elles frappent notre atmosphère, elles causent un réchauffement de la thermosphère, qui se dilate comme une montgolfière chauffée. Résultat : la densité de l’air à haute altitude augmente, créant une plus forte « traînée atmosphérique » sur les satellites évoluant en orbite basse.

Le réseau Starlink, qui promet un accès internet mondial, déploie ses unités à environ 340 kilomètres d’altitude, juste à la limite de cette zone densifiée. Les satellites, freinés par cette couche atmosphérique devenue plus résistante, voient leur altitude chuter de manière accélérée, les menant à une rentrée atmosphérique non préméditée.

Des pertes en série depuis la mi-2024

En juillet 2024, un échec de lancement de la fusée Falcon 9, combiné à des conditions spatiales hostiles, a entraîné la perte rapide de 20 satellites Starlink. Ces derniers ont été incinérés dans l’atmosphère quelques jours seulement après leur mise en orbite. Plus récemment, entre mai et juin 2025, les capteurs du Goddard Space Flight Center de la NASA ont documenté une hausse spectaculaire de la désintégration de ces satellites, corrélée à une activité géomagnétique exceptionnelle.

Selon les chercheurs, l’ampleur inattendue de ces événements confirme que les effets du maximum solaire sont probablement sous-estimés dans les prévisions techniques des opérateurs de constellations satellites comme SpaceX.

Entre pertes planifiées et chutes imprévues

SpaceX prévoit de désorbiter entre quatre à cinq satellites par jour dans le cadre de son processus de renouvellement. Ces désintégrations planifiées sont gérées pour assurer la sécurité publique et éviter l’accumulation de débris. Toutefois, selon les dernières observations, ces rentrées sont désormais de plus en plus accompagnées de retours non contrôlés liés exclusivement à des conditions spatiales défavorables.

En août 2024, un morceau de satellite Starlink, normalement censé être détruit lors de sa rentrée, a été retrouvé intact dans une ferme canadienne. Cet incident rare mais symbolique souligne la nécessité d’une surveillance accrue de la météo spatiale, en particulier lorsque le Soleil atteint son pic d’activité.

Des défis techniques pour SpaceX

La dégradation accélérée des satellites en orbite basse génère désormais un défi opérationnel. Non seulement ces pertes précoces imposent à SpaceX un coût supplémentaire de remplacement, mais elles confrontent également l’entreprise à la nécessité d’affiner ses stratégies de stabilisation orbitale pour résister aux périodes de turbulences solaires.

Par ailleurs, de telles pertes soulèvent des inquiétudes environnementales. Bien que les Engins Starlink soient conçus pour une désintégration quasi complète lors de la rentrée, leur multiplication pose question sur la durabilité des constellations massives. Si une portion infime d’entre eux survit à la descente, cela pourrait générer des risques accrus pour les infrastructures ou la population au sol.

Une opportunité scientifique en orbite

Les milliers de satellites Starlink offrent aujourd’hui une nouvelle grille d’analyse pour étudier les effets du climat spatial sur les objets artificiels. En mesurant la vitesse de leur dégradation en fonction des pics d’activité solaire, chercheurs et ingénieurs disposent d’un laboratoire orbital à grande échelle pour perfectionner la conception de futurs engins spatiaux plus résilients.

Cette dynamique ouvre également le débat sur la nécessaire prise en compte des cycles solaires dans la planification à long terme des constellations. Une intégration plus fine des données solaires dans les modèles de prévision des trajectoires pourrait devenir essentielle pour préserver la stabilité des réseaux de communication spatiale.

En conclusion : le coût invisible du Soleil

Alors que SpaceX poursuit l’expansion de sa mégaconstellation, la flambée de l’activité solaire rappelle que même les projets technologiques les plus ambitieux doivent composer avec les forces de la nature. Le Soleil, dans sa phase de suractivité maximale, impose aujourd’hui un défi direct à l’infrastructure satellite mise en orbite autour de la Terre. Pour Elon Musk et ses ingénieurs, rester dans cette course signifie adapter continuellement les stratégies orbitales, non seulement face à la concurrence, mais surtout face aux caprices d’une étoile de plus en plus imprévisible.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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