Space Rider, la première capsule spatiale réutilisable d’Europe, s’apprête à prendre son envol. Conçue par l’Agence spatiale européenne (ESA), cette navette automatisée vise à transformer l’accès à l’orbite basse en offrant une solution autonome, économique et durable. Malgré des retards, le lancement inaugural est désormais prévu pour 2027, symbolisant une avancée majeure vers une souveraineté spatiale européenne renforcée.

Un vaisseau réutilisable pour des missions prolongées en orbite
Space Rider a été conçu pour transporter des charges utiles scientifiques et technologiques pendant environ deux mois en orbite basse, puis revenir sur Terre intacte pour une réutilisation multiple. Cette capacité ouvre la voie à une vaste gamme d’expériences en microgravité pour les instituts de recherche comme pour les entreprises privées.
Ce système automatisé vise à réduire les coûts d’accès à l’espace tout en élargissant les possibilités d’expérimentations fréquentes et flexibles hors atmosphère. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de l’ESA visant à renforcer l’indépendance technologique de l’Europe dans un secteur largement dominé par les États-Unis et la Chine.
Des fondations posées en 2015 avec le vol du IXV
Le projet Space Rider s’appuie sur les acquis du véhicule expérimental IXV (Intermediate eXperimental Vehicle), qui a effectué un vol suborbital réussi en février 2015. Ce démonstrateur avait permis de valider les technologies critiques pour la rentrée atmosphérique et le contrôle à haute altitude.
En 2016, l’ESA a entamé les premières études sur Space Rider, avant que le projet ne soit officiellement validé en novembre 2019 lors du Conseil ministériel de l’agence à Séville. Il a alors reçu un financement de 195,73 millions d’euros pour lancer sa phase opérationnelle.
Une collaboration européenne étroite et structurée
Space Rider est développé dans le cadre du programme italien PRIDE (Programme for Reusable In-orbit Demonstrator in Europe), en partenariat avec plusieurs industriels majeurs du continent. Thales Alenia Space est responsable de la conception du module de rentrée tandis qu’Avio développe le système de propulsion et le module de service.
La capsule sera lancée par une fusée Vega C+, fournie elle aussi par Avio, depuis le centre spatial de Kourou. Ce lanceur, équipé d’un nouvel étage P160C, permettra de placer la capsule en orbite avant son voyage autonome et son retour sur Terre.
Un calendrier ambitieux, ralenti mais maintenu
Initialement prévu pour le troisième trimestre 2025, le vol inaugural de Space Rider a été repoussé à 2027, en raison de défis techniques et logistiques. Toutefois, la livraison de la structure principale du module de service est attendue pour janvier 2025 en vue de tests intensifs.
L’ESA travaille également avec l’agence spatiale portugaise pour faire de l’île de Santa Maria, aux Açores, un site d’atterrissage pour les futures missions. Par ailleurs, la capsule pourrait être exploitée commercialement par Arianespace, apportant un nouveau service aux clients désireux d’envoyer et de récupérer du matériel scientifique.
Vers une nouvelle ère de l’accès européen à l’espace
L’arrivée de Space Rider marque un tournant stratégique pour l’Europe. Dans un secteur en pleine transformation, où les missions réutilisables deviennent la norme, ce projet permettrait à l’Europe de rattraper son retard technologique tout en se positionnant comme un acteur compétitif sur le marché spatial mondial.
La capsule répond à une exigence croissante pour des missions flexibles, économiques et écologiques. Elle pourrait également renforcer l’innovation industrielle du secteur spatial européen en offrant une plateforme régulière d’expérimentation en orbite.
Un premier pas vers une souveraineté spatiale renforcée
Si les défis restent nombreux, Space Rider est une initiative structurante pour l’avenir spatial de l’Union européenne. Il contribue à sécuriser l’autonomie d’accès à la recherche en orbite basse, tout en créant des opportunités économiques prometteuses dans le secteur des services orbitaux.
Le projet cristallise ainsi les efforts de collaboration entre institutions publiques et entreprises privées pour construire une capacité spatiale durable et indépendante, essentielle dans un contexte géopolitique de plus en plus marqué par la compétition technologique et l’accès stratégique à l’espace.