SpaceX est de nouveau confrontée à une grave affaire de harcèlement sexuel. Jenna Shumway, ancienne responsable de la sécurité, a déposé une nouvelle plainte accusant un haut cadre de comportements inappropriés répétés et l’entreprise de représailles systématiques. Cette affaire ravive un historique de plaintes similaires visant la culture interne de SpaceX.
Une plainte accablante déposée par une ex-responsable sécurité
Début juillet 2025, Jenna Shumway a intenté une action en justice contre SpaceX et l’un de ses cadres supérieurs, Daniel Collins. Dans la plainte, Shumway évoque une « campagne de harcèlement et de représailles » ayant débuté peu après l’arrivée de Collins au printemps 2024. Elle affirme que ses fonctions ont été progressivement entravées jusqu’à son licenciement en octobre.
Selon Shumway, Collins aurait été nommé à un poste de direction qui lui avait été initialement promis. Bien qu’elle ait occupé des responsabilités équivalentes à celles d’un directeur technique, elle a reçu un titre inférieur et une rémunération plus faible. Cette disparité fonctionnelle et salariale est au cœur de son accusation de discrimination sexiste.
La plaignante décrit aussi des comportements particulièrement préoccupants de la part de Collins : réticence à collaborer avec des femmes sur des missions de sécurité, regards déplacés et comportements suggestifs. Plusieurs alertes auraient été remontées aux ressources humaines, mais la réponse institutionnelle se serait limitée à demander aux employées d’éviter toute interaction seule avec Collins.
Un climat interne de plus en plus mis en cause
Cette affaire ne survient pas dans un vide. Depuis 2021, SpaceX fait régulièrement l’objet d’allégations liées à un environnement de travail hostile aux femmes. En juin 2024, huit anciens employés — dont quatre femmes — ont déposé une plainte collective. Ils dénonçaient un climat décrit comme une “Animal House”, marqué par des propos sexistes et des représailles contre les salariés qui protestaient.
Parmi ces accusations, certaines visaient directement Elon Musk. L’homme fort de SpaceX aurait, selon la plainte, tenu des propos objectivant les femmes et maintenu un fonctionnement tolérant envers les comportements déplacés de ses cadres. Plusieurs femmes ont aussi rapporté un manque systémique de réaction interne face aux signalements de harcèlement, reflétant une déconnexion entre les valeurs affichées et la réalité interne.
Des risques multiples pour SpaceX, bien au-delà de la salle d’audience
Cette nouvelle plainte s’ajoute à une série d’enquêtes fédérales en cours. Celles-ci concernent notamment la violation de protocoles de sécurité dans la gestion de programmes gouvernementaux par l’équipe de Collins, ancien cadre du Département de la Défense. Ces violations pourraient avoir des répercussions sur les contrats sensibles que SpaceX gère avec la NASA et les agences militaires américaines.
Au-delà du volet juridique, ces révélations menacent la culture d’entreprise et la réputation publique d’une entreprise qui s’inscrit comme pionnière dans l’exploration spatiale. L’absence de réponse publique et structurée aux plaintes passées a renforcé l’image d’une société opaque sur les questions internes de gouvernance et de harcèlement.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent
L’ex-responsable de la sécurité n’est pas isolée. D’anciennes employées ont partagé des témoignages similaires indiquant que de nombreuses alertes internes ont été ignorées. Dans la plainte collective de 2024, Paige Holland-Thielen déclarait : « Cette plainte marque une étape importante dans notre quête de justice. J’espère qu’elle encouragera les employés à continuer de lutter pour un meilleur environnement de travail. »
L’avocate Anne Shaver, qui représente les plaignants de 2024, rappelle que : « La direction a sciemment permis et encouragé une culture de harcèlement sexuel. »
Pour sa part, Jenna Shumway cite dans sa plainte une attitude d’obstruction manifeste des ressources humaines. Son témoignage s’ajoute aux précédentes alertes en interne et convergent toutes vers un même constat : une culture toxique, minimisant le respect de l’éthique et de la sécurité individuelle sur le lieu de travail.
Un tournant décisif pour la gouvernance interne
Ces récents développements mettent en lumière une problématique essentielle : la capacité de SpaceX à faire face à ses propres dysfonctionnements structurels. Le traitement systémique des retours des employés sur le harcèlement et la discrimination demeure insuffisant selon les plaignants, ce qui soulève des inquiétudes autour de la robustesse de ses mécanismes internes de protection.
Pour une entreprise engagée dans des missions spatiales à haute responsabilité, telles que les vols habités vers la Lune ou Mars, ces failles humaines et organisationnelles pourraient devenir des obstacles aussi déterminants que les défis techniques.
Le chemin vers une évolution réelle passera par un audit transparent, des actions correctives mesurables et une réforme de la culture managériale. Pour l’heure, la direction de SpaceX n’a pas réagi publiquement à cette nouvelle plainte.
Conclusion provisoire
La plainte déposée par Jenna Shumway réactive un débat profond sur les dynamiques de pouvoir au sein des entreprises technologiques de pointe. Chez SpaceX, où les ingénieurs rêvent de conquérir Mars, certaines employées tentent encore de faire valoir leur droit au respect sur Terre. Entre justice et transformation interne, l’affaire Shumway pourrait devenir un catalyseur d’un changement structurel, ou en révéler les résistances profondes.