Tesla accuse deux ex-ingénieurs d’avoir exfiltré des secrets industriels liés à son robot humanoïde Optimus pour fonder une startup concurrente, Proception. L’affaire, en cours d’examen par la justice, soulève de profondes interrogations sur la protection de l’innovation dans le secteur émergent de la robotique avancée.

Des secrets volés pour propulser une startup, selon Tesla
Au cœur du litige, une main robotique humanoïde sophistiquée, dévoilée début 2025 par la startup Proception fondée par Jay Li et Jack Xu, deux anciens cadres de Tesla. Jay Li, ancien chef de projet du programme Optimus, aurait fondé cette nouvelle structure à Palo Alto moins d’une semaine après avoir quitté Tesla en septembre 2024.
Selon la plainte déposée par Tesla en juin 2025, cette transition éclair n’est pas anodine : l’entreprise d’Elon Musk estime que des éléments cruciaux de sa technologie propriétaire liée au robot Optimus ont été indûment utilisés dans la conception de la main robotique de Proception. « L’innovation doit être méritée, pas volée », déclare un porte-parole de Tesla, qui affirme vouloir empêcher l’enracinement d’un “écosystème de mains Tesla” au sein d’autres plateformes robotiques concurrentes.
La principale inquiétude de Tesla est que la technologie de Proception soit largement adoptée dans les recherches en intelligence artificielle et robotique, compromettant ainsi son avantage stratégique dans un marché où l’avance technologique se mesure souvent en mois.
Une course contre la montre dans la robotique humanoïde
Le robot Optimus représente une ambition centrale pour Tesla. Selon Elon Musk, le projet pourrait inaugurer une “ère d’abondance” dans laquelle la main-d’œuvre robotique rendrait accessibles des biens et services autrefois coûteux. La production en série du robot devrait débuter à Fremont d’ici fin 2025, avec un lancement commercial élargi attendu mi-2026.
Tesla veut s’assurer qu’aucune fuite technologique ne vienne diluer cet objectif. Dans leur plainte, les avocats de l’entreprise insistent sur le fait que la main robotique développée par Proception présente des similarités frappantes avec celles du projet Optimus, tant dans son design fonctionnel que dans ses algorithmes de contrôle.
Proception, silence radio et émergence rapide
Depuis son apparition publique début 2025, Proception a attiré l’attention avec des démonstrations impressionnantes. Sa main robotique est capable de manipulations précises rarement vues en dehors des laboratoires internes de grands groupes technologiques.
Jay Li et Jack Xu n’ont pas réagi officiellement aux accusations. Le site de la startup met en avant sa mission d’« offrir aux chercheurs les meilleures interfaces robotisées du marché », sans mentionner Tesla ni le dossier judiciaire en cours.
Un débat plus vaste sur la concurrence et l’originalité
Au-delà de la légalité de l’affaire, le différend alimente un débat plus large sur l’innovation dans la robotique humanoïde. D’autres entreprises, notamment Clone Robotics, contestent la supériorité technique de la main d’Optimus. “Seuls les fans de Tesla préféreraient la main Optimus à la nôtre”, lâche un porte-parole de la jeune pousse, affirmant que leur propre modèle est “plus léger, plus solide et moins cher”.
Cette rivalité technologique alimente la course vers une automatisation plus agile et plus économique, dans un contexte où la robotique devient une pièce maîtresse de la compétition géopolitique et industrielle. Pour certains chercheurs, ces litiges sont inévitables dans un secteur où la propriété intellectuelle devient aussi précieuse que le silicium dans la micro-électronique.
Chronologie d’un différend technologique
- Septembre 2022 : Jay Li débute chez Tesla comme chef de projet du robot Optimus.
- Septembre 2024 : Li quitte Tesla et fonde Proception avec Jack Xu quelques jours plus tard.
- Début 2025 : Proception dévoile sa main robotique lors de démonstrations publiques.
- Juin 2025 : Tesla engage une action en justice pour vol de secrets industriels.
- Mi-2026 : Commercialisation prévue du robot Optimus par Tesla.
Une affaire à fort enjeu pour l’industrie
Le différend entre Tesla et Proception transcende le simple conflit contractuel. Il cristallise les tensions entre le besoin de protéger l’innovation et celui de permettre la mobilité des talents dans une industrie hautement concurrentielle. À ce stade, aucune décision judiciaire n’a été rendue et les allégations de Tesla restent à l’état d’accusation.
En attendant l’issue de la procédure, Tesla poursuit le développement de son humanoïde, bien décidé à faire d’Optimus un symbole de sa vision technologique du futur. Proception, de son côté, continue d’étoffer son offre à destination des chercheurs et industriels, tout en gardant le silence sur une affaire qui pourrait redessiner, à terme, la carte du pouvoir dans la robotique mondiale.