Troisième échec pour Starship V2 lors d’un test orbital

Le Starship V2 connaît un troisième échec malgré un test orbital qui avait bien commencé, voici les raisons et les étapes à venir.

SpaceX a subi un autre revers sur le chemin ardu qui mène à l’espace réutilisable. Le 27 mai 2025, la V2 de son vaisseau Starship a connu un troisième échec consécutif lors d’un vol suborbital, se désintégrant dans l’atmosphère au-dessus de l’océan Indien après une fuite survenue dans ses réservoirs principaux. Selon Elon Musk, cette anomalie a entraîné une perte de pression critique pendant la phase de croisière, empêchant la réussite du test de rentrée atmosphérique et du déploiement de satellites expérimentaux prévus à bord.

le troisième échec du Starship v2

Un vaisseau prométhéen à la conquête de l’orbite

Développé pour incarner la prochaine génération de fusées réutilisables, le Starship est le pari technologique le plus ambitieux de SpaceX à ce jour. Ce lanceur lourd, entièrement réutilisable, se compose d’un premier étage Super Heavy et d’un étage supérieur — le vaisseau lui-même, propulsé par les moteurs Raptor.

La version 2 de l’étage supérieur introduit des améliorations majeures, notamment une capacité accrue en ergols et un système de plomberie révisé, utilisant désormais quatre conduites d’alimentation au lieu d’une seule. Ces innovations visaient à mieux alimenter les moteurs et à améliorer la stabilité du véhicule sous stress orbital. Pourtant, les trois derniers essais laissent entrevoir des fragilités persistantes au cœur de ce nouveau design.

Trois vols, trois échecs : une série noire pour la version 2

Le vol du 27 mai, désigné Starship Flight 9, a été lancé depuis le site de Starbase, au Texas, et a marqué la troisième tentative infructueuse pour la version 2. Bien que la séparation entre les deux étages et l’entrée en phase de croisière orbitale aient été réussies, environ quarante minutes après le décollage, le vaisseau a perdu le contrôle de son orientation.

Le désalignement observé a été provoqué par une fuite dans le réservoir principal, entraînant une baisse de pression significative. Cette instabilité a conduit à une rentrée atmosphérique non contrôlée, forçant le système de sauvegarde à déclencher la destruction du véhicule avant qu’il n’atteigne l’océan Indien.

Les deux vols précédents — en janvier et mars 2025 — s’étaient soldés par des incidents similaires. Dans chaque cas, des problèmes dans le réseau de plomberie revu ont généré des fuites de carburant, causant la perte de contrôle du vaisseau bien avant qu’il ne puisse terminer ses objectifs.

Un système de propulsion sous le feu des critiques

Face à cette série d’échecs, des doutes surgissent autour du nouveau système de distribution de carburant. En cherchant à améliorer la performance, SpaceX semble avoir introduit des vulnérabilités non prévues. Le passage à un réseau à quatre conduites vise une alimentation plus robuste, mais les tests en vol suggèrent qu’il souffre encore de fuites difficilement détectables au sol.

Bien que les données collectées durant ces essais soient jugées cruciales par SpaceX, les incidents soulignent la nécessité d’une analyse rigoureuse des composants pressurisés, notamment dans les environnements à faibles gravité et températures extrêmes, caractéristiques des phases orbitales et de rentrée.

Réactions et supervision réglementaire

Alors que SpaceX prévoit de poursuivre ses campagnes d’essais, l’attention se porte également sur les autorités de régulation. La Federal Aviation Administration (FAA) a ouvert une enquête sur ce dernier incident, comme c’est désormais la procédure standard pour tout test de vol orbital impliquant des débris ou un échec lié au contrôle du véhicule.

Elon Musk, sans minimiser l’échec, a souligné l’importance des données acquises lors de Flight 9, indiquant que ces vols d’essai ont toujours été conçus comme des étapes vers l’amélioration. Selon lui, l’objectif de construire un système spatial entièrement réutilisable reste sur la bonne voie, même s’il s’avère plus long et plus complexe que prévu.

Les étapes à venir : reconstruire et apprendre

Malgré les revers, SpaceX n’a pas annoncé d’interruption dans le développement du Starship. L’entreprise prévoit une refonte possible de l’architecture du réservoir et un examen approfondi du système de distribution de carburant avant un nouveau vol expérimental. L’objectif immédiat reste le déploiement réussi de satellites en orbite basse pour valider la phase tertiaire du vol.

En attendant, le programme Starship poursuit son chemin avec prudence mais détermination, oscillant entre l’audace technologique et la rigueur d’un domaine où les erreurs coûtent cher, tant sur le plan économique qu’en capital confiance.

Récapitulatif chronologique des vols suborbitaux récents

  • 27 mai 2025 – Flight 9 : Perte de pression dans le réservoir principal après 40 minutes de vol. Destruction lors de la rentrée atmosphérique.
  • mars 2025 – Flight 8 : Échec dû à une fuite de carburant affectant les systèmes de guidage après l’arrêt des moteurs.
  • janvier 2025 – Flight 7 : Problèmes similaires de fuite dans le système de propulsion, provoquant une perte de contrôle peu après la mise en orbite.

Un pari toujours en cours pour l’avenir spatial

Au-delà des images spectaculaires de décollage et des crashs orchestrés dans le silence de l’espace, le Starship reste un symbole de la volonté d’étendre la présence humaine au-delà de la Terre. Ces échecs successifs, bien que coûteux, rappellent que l’innovation repose sur la résilience et non sur la perfection du premier coup.

À mesure que SpaceX affine son design et recense les dysfonctionnements, chaque vol raté devient une brique dans la construction d’un vaisseau qui, selon l’ambition affichée, pourrait un jour acheminer du matériel… puis des passagers vers Mars.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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