À 400 kilomètres au-dessus de la Terre, dans l’environnement confiné et extrême de la station spatiale chinoise Tiangong, une mystérieuse bactérie a été détectée à bord. Baptisée Niallia tiangongensis, cette souche totalement inconnue jusqu’alors suscite un vif intérêt dans la communauté scientifique. Découverte à l’occasion d’une mission de prélèvements microbiens en mai 2023, elle révèle une capacité remarquable à résister aux rigueurs de l’espace, bouleversant les connaissances sur la survie microbienne au-delà de notre planète.

Une mutation bactérienne à bord de Tiangong
La station spatiale Tiangong, lancée en 2021 et opérationnelle depuis l’achèvement de son dernier module en octobre 2022, sert de laboratoire en orbite pour des expériences de pointe. Lors de la mission Shenzhou-15, les astronautes ont collecté des échantillons dans les modules d’habitation. L’analyse, menée dans le cadre du programme China Space Station Habitation Area Microbiome Programme (CHAMP), a permis d’isoler une bactérie jusque-là inconnue du genre Niallia.
Niallia tiangongensis semble être une mutation évolutive probable de Niallia circulans, une bactérie terrestre connue. Elle ne figure dans aucune base de données biologique systémique, ce qui suggère une adaptation rapide et potentiellement unique à l’environnement spatial.
Des propriétés biologiques hors du commun
Les analyses publiées le 17 mai 2025 dans la revue The International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology ont révélé des caractéristiques inédites. La bactérie présente une résistance extrême aux radiations, jusqu’à 28 000 fois supérieure à ce que l’être humain peut supporter. Elle démontre également une forte capacité à réparer les dommages cellulaires liés au stress oxydatif.
Selon un porte-parole de la China Manned Space Agency (CMSA), « ces mécanismes d’adaptation sont essentiels pour comprendre comment préserver la santé des astronautes sur de longues missions ». En d’autres termes, comprendre cette bactérie pourrait contribuer à protéger les équipages lors d’expéditions prolongées dans l’espace, comme vers Mars ou au-delà.
Un potentiel scientifique et technologique prometteur
Au-delà de la seule fascination scientifique, Niallia tiangongensis ouvre des perspectives d’applications concrètes. Sa capacité à décomposer certains composés organiques pourrait s’avérer précieuse pour le recyclage des déchets à bord des stations spatiales et, potentiellement, dans des contextes extrêmes sur Terre. Son métabolisme inhabituel est aussi étudié pour sa valeur en biotechnologies.
À l’image des extrêmophiles terrestres, cette bactérie pourrait inspirer la conception de matériaux bio-inspirés ou de systèmes autonomes de dépollution pensés pour les conditions sombres, chaudes, ou irradiées où peu d’organismes peuvent survivre.
Une origine encore mystérieuse
Les scientifiques ne savent pas encore si cette souche s’est développée à partir d’une bactérie terrestre après son arrivée dans l’espace ou si elle a subi des mutations plus rapides que prévu une fois exposée à l’environnement orbital. Cette ambiguïté soulève de nouvelles questions sur l’évolution génétique accélérée en microgravité et sous radiation constante.
Ce dilemme soulève aussi des préoccupations sur la biosécurité en milieu spatial. Comment gérer la prolifération de micro-organismes dans un habitat fermé où la santé humaine dépend d’un équilibre microbien contrôlé ? Quels sont les risques à long terme pour les infrastructures orbitales ? Ces questions sont au cœur des discussions parmi les agences spatiales.
Calendrier d’une découverte orbitale
- Octobre 2022 : Lancement du module final de la station Tiangong.
- Mai 2023 : Échantillons microbiens prélevés par l’équipage de la mission Shenzhou-15.
- 2024–2025 : Analyse et identification de la bactérie Niallia tiangongensis.
- 17 mai 2025 : Publication officielle des résultats scientifiques.
Implications pour la recherche spatiale
La découverte de cette bactérie dans la station spatiale chinoise de Niallia tiangongensis renforce l’idée que la vie peut non seulement persister mais aussi s’adapter dans des conditions extrêmes hors de la Terre. Cette information alimente la réflexion sur la colonisation spatiale et sur les moyens de maintenir un environnement viable à bord d’habitats à long terme. Elle pourrait également contribuer à mieux comprendre les formes de vie potentielles sur d’autres planètes ou lunes hostiles du système solaire.
Dans un avenir marqué par l’expansion de l’activité humaine dans l’espace, cette bactérie mutante constitue à la fois un outil d’étude et un objet de surveillance. Alors que les missions spatiales deviennent de plus en plus ambitieuses, garantir la stabilité biologique des équipages ne pourra faire l’impasse sur la compréhension de phénomènes microbiens comme ceux révélés à bord de la station Tiangong.