SpaceX prépare le vol Starship 10 après un test crucial, malgré l’enquête sur l’échec du précédent

Starship 10 : après un test clé réussi, SpaceX vise un nouveau vol d’essai. Date ? L’enjeu ? Réutilisation et fiabilité du lanceur.

SpaceX accélère le rythme de ses essais en vue du 10 e vol d’essai de la fusée Starship, moins de deux semaines après un précédent lancement marqué par des difficultés techniques. Le 6 juin 2025, l’entreprise a effectué un test de feu statique du booster Super Heavy, une étape cruciale dans la préparation de cette mission qui vise à démontrer les capacités de réutilisation et de robustesse du système le plus puissant jamais développé pour le vol spatial.

SpaceX prépare le vol Starship 10 après un test crucial, malgré l'enquête sur l'échec du précédent

Un test réussi pour raviver l’élan

Sur le site de Starbase, au sud du Texas, les 33 moteurs Raptor du premier étage Super Heavy ont été allumés simultanément dans le cadre d’un test de longue durée. Ce feu statique, capturé en images par l’entreprise et partagé sur son compte X le même jour, est l’un des marqueurs les plus significatifs de l’imminence du vol Starship Flight 10.

Ce test a validé la capacité mécanique et structurelle du booster destiné à propulser la fusée lors de son prochain vol. Il constitue un progrès majeur, dans un calendrier de développement que SpaceX mène à un rythme soutenu malgré les revers techniques récents.

Retour sur les leçons du vol précédent

Le Starship Flight 9, mené le 27 mai 2025, représentait un jalon important pour SpaceX. C’était le premier vol utilisant un booster Super Heavy réutilisé, initialement lancé lors du flight 7 en janvier. Si le décollage s’est déroulé comme prévu, la mission s’est terminée prématurément, aussi bien pour le booster que pour l’étage supérieur, connu sous le simple nom de Ship.

Peu après avoir amorcé sa descente contrôlée, le booster s’est désintégré au-dessus du golfe du Mexique, à environ six minutes et demie du décollage. Du côté du second étage, la situation ne s’est guère mieux déroulée. Bien qu’il ait atteint l’espace, Ship est entré en rotation incontrôlée environ 30 minutes après le lancement, avant de perdre tout contact 16 minutes plus tard. Les débris de l’appareil reposeraient au fond de l’océan Indien, au large de l’Australie occidentale.

Une autorisation encore conditionnelle

Ces incidents n’ont pas échappé à la Federal Aviation Administration (FAA), qui supervise la sécurité des lancements civils aux États-Unis. Une enquête est actuellement en cours pour déterminer les causes de ces dysfonctionnements. La date de lancement du vol Starship 10 dépendra de la validation par la FAA de l’ensemble du dispositif de vol et des correctifs proposés par SpaceX.

D’ici là, aucun décollage ne peut avoir lieu. Cette exigence souligne le rôle incontournable des autorités de régulation dans le développement des technologies spatiales, en particulier lorsque des essais impliquent des systèmes expérimentaux aussi puissants.

Objectifs technologiques et ambitions renouvelées

Le vol Starship 10, dont le lancement est envisagé pour la fin juin ou le début juillet 2025, mettra en œuvre le booster BN16 et l’étage supérieur Ship 36, une version améliorée de type Block 2. SpaceX espère avec ce nouveau modèle améliorer la stabilité en vol orbital et progresser vers la maîtrise complète du retour contrôlé des deux étages.

Au-delà du calendrier, le message est clair : chaque test, réussi ou non, représente une mine d’informations. SpaceX applique une stratégie d’itération rapide. En procédant par ajustements successifs, l’entreprise affine un système entièrement réutilisable destiné à desservir à terme toutes les destinations spatiales, de l’orbite terrestre à la surface de Mars.

Vers une ère de vols réutilisables

Un des piliers de la stratégie de SpaceX réside dans la réutilisation des composants. À l’image d’un avion de ligne, la fusée Starship ambitionne de se poser, être inspectée, ravitaillée et relancée à un coût marginal. Ce modèle, qui bouleverse les pratiques établies de la filière aérospatiale, repose sur la fiabilité des réentrées atmosphériques et sur le contrôle de la trajectoire en phase terminale.

Si le chemin vers cette autonomie reste semé d’embûches, les progrès sont tangibles. À chaque vol, SpaceX collecte des données critiques sur les performances mécaniques, thermiques et aérodynamiques de ses engins. Ces informations alimentent des modèles de prévision toujours plus précis et permettent aux ingénieurs de corriger les points faibles avant les essais suivants.

Un système spatial en construction

Starship se dessine peu à peu comme un maillon fondamental de l’avenir spatial. Un vecteur capable de transporter des charges lourdes, des satellites, du matériel scientifique, voire des humains dans le futur, vers des destinations encore inexplorées à ce jour. Les essais de SpaceX ne sont pas de simples démonstrations techniques ; ils symbolisent une redéfinition de ce que le voyage spatial pourrait devenir — plus régulier, moins coûteux, et potentiellement interplanétaire.

Alors que le lancement de Flight 10 approchera avec la conclusion des investigations réglementaires, l’attention mondiale se portera une fois de plus sur la côte sud du Texas. Dans le silence étouffé d’un désert transformé en rampe de lancement pour le futur, SpaceX continue d’écrire l’histoire de l’exploration spatiale.

Eric Durand
Eric Durand

Passionné par l’exploration spatiale, Eric Durand suit de près les avancées de SpaceX depuis des années. Sur SpaceX France, il décrypte l’actualité des lancements, des technologies et des projets de l’entreprise d’Elon Musk, avec clarté et précision.

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